Procès des viols de Mazan : 8 à 10 ans de prison ferme pour les trois Ultramarins de l'affaire

Le verdict de l'affaire de Mazan a été rendu ce jeudi 19 décembre 2024. Tous les accusés ont été reconnus coupables.
Après trois mois de procès, le verdict de l’affaire Pélicot a été rendu jeudi 19 décembre. Dominique Pélicot et la cinquantaine d’accusés qui l’accompagnait devant la cour criminelle ont tous été reconnus coupables. Les trois Ultramarins jugés s’en sortent avec des peines moins lourdes que requises par le ministère public.

C’est la fin du procès Pélicot. Après trois mois d'audience, la cour criminelle du Vaucluse a prononcé les peines des 51 accusés de cette affaire sordide. Dominique Pélicot, le principal accusé, est reconnu "coupable des faits de viol aggravé"  sur sa femme Gisèle Pélicot. Il est aussi déclaré coupable de tentative de viol aggravé et viols aggravés sur Cilia M. La cour a suivi les réquisitions du parquet général : il est condamné à la peine maximale de vingt ans de réclusion criminelle.

Pour rappel, Dominique Pélicot est accusé d’avoir drogué sa femme pendant des années et de l’avoir soumise sexuellement à son insu à plus de cinquante hommes. Parmi eux, on retrouve trois Ultramarins : un Guyanais, Joan K., 27 ans ; un Calédonien, Simoné M., 43 ans ; et un Réunionnais, Jean T., 52 ans. Tous ont été reconnus coupables. 

  • Joan K. : condamné à 10 ans de réclusion criminelle

Le Guyanais Joan K., plus jeune des accusés (il avait 22 ans au moment des faits) est reconnu coupable de viol aggravé par deux circonstances : la réunion et l’administration de substances. Il est condamné à dix ans de réclusion criminelle par la cour criminelle, moins que les 15 ans requis par le parquet général. Le président de la cour ordonne aussi à son encontre des soins pendant cinq ans. Il est également privé de droit d’éligibilité durant cinq ans. Enfin, en dernier lieu, il est inscrit au fichier des délinquants sexuels.

Né en Guyane, il est arrivé dans l’Hexagone à 17 ans et s’est engagé à l’armée à ses 19 ans. Qualifié de "dépressif" par les enquêteurs, il a reconnu les faits qui lui sont reprochés dès le début du procès en septembre, "mais pas l’intention". Il avait déclaré lors de son audition savoir "qu’elle [Gisèle Pélicot, NDLR] était inconsciente, mais pas qu’elle n’était pas consentante". À ce moment, il déclarait ne pas savoir aussi "ce qu’était le consentement". Détenu depuis le 16 avril 2021, il restera derrière les barreaux.

  • Simoné M. : condamné à 9 ans de prison

Né à Nouméa en Nouvelle-Calédonie, Simoné M., décrit comme "influençable", est reconnu coupable des faits de viol aggravé qui lui sont reprochés par deux circonstances : la réunion et l’administration de substances. Il est condamné à neuf ans de prison, une année de moins que ce que demandait le ministère public. Il comparaissait libre devant la cour et partira en prison dès la fin du procès. Il sera aussi inscrit au fichier des délinquants sexuels, et écope de cinq ans d’inéligibilité.

Ancien chasseur alpin, il s'est depuis reconverti dans le bâtiment. Il a toujours nié les faits et argué s’être fait manipuler par Dominique Pélicot. Devant les enquêteurs, il avait déclaré : "C’est sa femme, il fait ce qu’il veut avec." Père de six enfants, il a déjà effectué un an de détention provisoire.

  • Jean T. : condamné à huit ans ferme

Enfin, Jean T., dernier des trois accusés originaires des Outre-mer. Né à La Réunion, il comparaissait libre devant la cour criminelle. Dès le début du procès, il a nié les faits et avancé qu’il aurait été drogué lui aussi par Dominique Pélicot. Mais la juridiction n’a pas tenu fait de ses explications et l’a reconnu coupable comme les 50 autres accusés de cette affaire.

L’homme âgé de 52 ans est placé sous mandat de dépôt et condamné à huit ans de prison, cinq ans d’inéligibilité et il se voit inscrit au fichier des délinquants sexuels.

Tout au long de ce procès hors normes, plusieurs associations de lutte contre les violences faites aux femmes se sont réunies pour dénoncer ces actes.

Ces condamnations viennent marquer la fin d’un long procès qui marquera à coup sûr l’histoire judiciaire française. Gisèle Pélicot, en laissant la presse assister à son procès, s’est érigée en porte-parole des femmes victimes de viols et d’incestes. Cependant, les proches de Mme Pélicot ont fait part de leur déception à l'annonce des peines des 51 coupables, les estimant trop basses.