En détention depuis quatre ans, Joan K. est le plus jeune des 51 accusés du "procès Pelicot". Depuis le début de la semaine, il est entendu par la cour criminelle d’Avignon. Il lui est reproché d’avoir eu des rapports sexuels avec Gisèle Pelicot alors que cette dernière avait été sédatée par son mari, Dominique. Ce jeudi, un nouveau volet du procès s’est ouvert avec les témoignages du frère et de l'ex-compagne du Guyanais.
Cette dernière, Célia, âgée de 24 ans et d’origine guadeloupéenne, est venue défendre son ancien compagnon sans réserve : "Pour moi, il s'est fait douiller. Ce n'est pas ce genre de personne", dit-elle à la cour, comme le rapporte sur X la journaliste Juliette Campion, qui suit le procès pour Franceinfo.fr. Devant les cinq magistrats, Célia parle au contraire d’un homme protecteur. "C’est lui qui m’a relevé quand j’ai perdu mon père et moi, je serai toujours là pour lui", assure-t-elle.
La jeune femme a rencontré Joan sur internet. Les deux auront une relation de quatre ans, sans jamais vivre ensemble. La Guadeloupéenne réside dans le nord de l’Hexagone tandis que Joan K., militaire, était basé dans l’est de la France, à Dijon. En 2019, Célia tombe enceinte. Son accouchement prématuré a lieu la première fois où Joan se rend chez Dominique Pelicot. "Il ne savait même pas que j'avais accouché. Je ne l'ai pas prévenu tout de suite : il fallait que je réalise que j'avais accouché d'un enfant", rapporte Juliette Campion de Franceinfo.fr. Joan K., retournera chez les Pelicot huit mois plus tard et aura des rapports sexuels avec Gisèle Pelicot, placée dans un état de sommeil profond par son mari. Interrogé en début de semaine, Joan a reconnu les faits, mais a assuré qu’il n’avait pas l’intention de la violer.
Une personnalité en question
Ce mercredi 25 septembre, l’expert psychiatrique qui a examiné le Guyanais a parlé d’une personnalité immature, anxieuse et dépressive devant la cour. Tout en rajoutant que le prévenu avait aussi un gros problème avec l’alcool. Hors de la salle d’audience, son avocate rajoute que son client est une personnalité timide. Elle précise aussi que "Joan est né à Saint-Laurent du Maroni de parents surinamais. Son père est un ouvrier agricole. Trois de ses frères sont morts très jeunes, il vient d’un milieu précaire", résume-t-elle.
Autre appelé à témoigner ce jeudi : son petit frère Djiorgio. Devant la cour, il répète plusieurs fois : "Joan est très influençable". Il va poursuivre en mettant en avant son entourage. "Je pense qu'il a des regrets. Ce qu'il a fait est impardonnable. Son entourage, ses amis, c'est à cause de ça qu'il a dû en arriver là."
Assis dans le fond du box des accusés, Joan acquiesce et écoute son frère et son ex-compagne la tête dans les bras. Depuis son incarcération il y a quatre ans, le Guyanais n’a pas eu de visite en prison. Un point qu’a relevé la cour. Mais son frère s’est justifié en disant que "toute la famille est en Guyane". Joan K. sera fixé sur sa peine à la mi-décembre.