Procès des viols de Mazan : le Calédonien mis en cause estime avoir été manipulé par Dominique Pelicot

Un avocat tient un dossier pendant le procès des viols de Mazan dont la victime est Gisèle Pélicot
Le procès des viols de Mazan se poursuit avec la comparution cette semaine d'un Calédonien de 43 ans. Accusé d'avoir participé aux agressions sur Gisèle Pelicot, Simoné M. s’est livré sur son implication et son passé marqué par des traumatismes, une ligne défendue par son avocat, qui parle d'un homme "complexé". Le verdict de la cour d’assises sera rendu le 20 décembre prochain.

Ouvert le 3 septembre dernier, le procès hors norme des viols de Mazan se poursuit. 51 hommes comparaissent devant la cour criminelle d’Avignon pour avoir eu des relations sexuelles avec Gisèle Pelicot alors qu’elle avait été droguée à son insu par son mari. Parmi les accusés, un Calédonien de 43 ans. Son cas est examiné depuis le début de la semaine aux côtés de six autres coaccusés.

"Des abus d'un ami de la famille"

Issu d'une famille pauvre avec un père alcoolique, Simoné M. a évoqué les abus sexuels qu'il aurait subis à l'adolescence de la part d'un ami de la famille. Ces événements traumatiques auraient profondément influencé sa vie et sa perception des relations humaines. "J'ai accepté au début jusqu'au moment où ça m'a psychologiquement déstabilisé", a-t-il confié à la cour.

Arrivé en Métropole à 21 ans pour son service civique, il a vécu à Grenoble puis dans le Vaucluse, où il travaille dans l'armée et dans le bâtiment. Père de six enfants issus de différentes unions, il a exprimé des difficultés à assumer son rôle paternel, bien qu'il affirme avoir "commencé à comprendre ce qu'était un père" avec sa dernière fille de 15 mois.

Des problèmes de violence et d'alcoolisme

Les experts psychiatriques ont relevé chez lui des problèmes de violences et d'alcoolisme, avec une personnalité de type borderline, des difficultés à gérer ses émotions et un fort sentiment de culpabilité. Son avocat a souligné les obstacles linguistiques et culturels, rappelant que le français n'est pas sa langue maternelle et que ses "acquis sont modestes".

"Sous l'insistance de Monsieur Pelicot"

Ce jeudi matin, il était interrogé sur les faits. À l’époque, il vit à Mazan, avec sa femme et quatre de ses enfants. Simoné M. a assuré qu'il n'avait pas violé Gisèle Pelicot. Il reconnaît en revanche s'être rendu au domicile du couple sous l'insistance de Dominique Pelicot. "Je me suis déshabillé dans la cuisine, je me suis allongé à côté de sa femme. Monsieur Pelicot me dictait ce qu'il fallait faire", a-t-il déclaré. Il affirme cependant ne pas avoir pu aller jusqu'au bout, se sentant mal à l'aise face à la situation.

"Voyant que je n'y arrivais pas, je suis parti."

Simoné M

Un homme complexé, selon son avocat

"Pelicot m'a manipulé et je suis tombé dans son piège", a-t-il expliqué. "Quand on a des problèmes dans son couple qui sont récurrents, quand on a des complexes, forcément, tomber sur quelqu'un comme Monsieur Pélicot qui est extrêmement manipulateur et extrêmement persuasif, c'est facilité par ce genre de profil", estime son avocat Maitre Yannick Prat.

©nouvellecaledonie

"Un jeu sexuel"

Le Calédonien dit avoir pensé que Gisèle Pelicot faisait semblant de dormir et que c'était un jeu sexuel entre elle et son mari. Une ligne de défense partagée par beaucoup des coaccusés, mais contredite par les vidéos de Dominique Pelicot.

Au cours de son audition, le Calédonien a tout de même exprimé des remords profonds, déclarant : "Je mérite d'être là, parce que j'ai fait du mal à cette femme."

Aujourd'hui, il a refait sa vie, il a un bébé de quinze mois. La cour doit rendre son jugement le 20 décembre prochain.