"C’est faux d’inciter les Mondoriens à consommer plus d’eau pour payer moins"

Au Mont-Dore, le mètre cube d'eau va augmenter de 7 francs. C'est l'une des mesures prises par le conseil municipal pour rééquilibrer le contrat passé avec la Calédonienne des eaux en 2019. Il est déficitaire. La raison ? Les volumes d'eau consommés, qui ont baissé, sont inférieurs aux prévisions... Mais ça vaut quand même le coup de continuer à ne pas laisser couler le robinet. Explications.

"Si je résume, les Mondoriens ont économisé l’eau et pour les récompenser, on va augmenter leurs factures", lance Nina Julié, élue Générations au conseil municipal du Mont-Dore. C'était jeudi soir, au moment de la présentation d'un avenant au contrat de délégation publique qui lie la ville à la Calédonienne des eaux pour la distribution d'eau potable.

Le contrat a été signé en 2019 pour dix ans. Et depuis, la consommation des habitants a baissé. Elle est restée inférieure aux prévisions qui devaient permettre à la CDE de rembourser les investissements programmés, l'installation de la télérelève pour 246 millions de francs notamment. Conséquence : 142 millions de pertes entre 2019 et aujourd'hui. La CDE les gardera à sa charge. Mais la mairie a dû prendre des mesures pour permettre à son délégataire de retrouver l'équilibre. 

Une hausse à relativiser

L'une d'elles : le prix du m3 passera de 99,8 francs à 106,9 francs. Soit une hausse de 142 francs par mois pour un abonné qui consomme 20 m3, indique la municipalité. À relativiser : en 2018, le m3 coûtait 116,07 francs. Et depuis 2019, "les habitants de la commune ne paient plus d’abonnement au compteur. C’est donc faux d’inciter les Mondoriens à consommer plus d’eau pour payer moins puisque la facture est calculée sur le volume consommé", corrige Jean-Jacques Afchain, premier adjoint, interrogé en début de semaine.

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"Je me demande comment vous avez pu autant vous planter. 27 % d’écart dans les prévisions de consommation...", lâche Nina Julié. "Avec la Niña, la pluviométrie a doublé ces deux dernières années par rapport à 2018-2019", explique Nicolas Oxford, directeur adjoint de la direction des services techniques de la ville. Les habitants ont eu moins besoin d'eau. Ils font également plus attention à l'environnement et à la ressource, poursuit-il. La télérelève aide : "les abonnés sont prévenus quasiment immédiatement quand une fuite est détectée. Par ailleurs, l’évolution démographique a été plus faible que celle prévue". Tout cela était prévisible d'après l'élue d'opposition. Pas pour le premier adjoint, qui revient notamment sur la météo.

Même les prévisions météorologiques ne prévoyaient pas autant de pluies avec une telle intensité.

Jean-Jacques Afchain, premier adjoint

Une autre modification du contrat inquiète : l’investissement gros entretien et renouvellement de conduites a été rogné de 50 à 15 millions de francs en moyenne par an. Où la mairie va-t-elle trouver les 35 millions de francs par an qui devaient sortir des poches de la CDE ?, interroge Nina Julié. "La ville peut avoir des subventions, de la part de l'Etat par exemple. Si nous avons négocié cela, c'est pour que tout ne soit pas supporté par l’abonné", répond Jean-Jacques Afchain. 

Réduire sa consommation reste rentable

Et si les volumes augmentent avec El Niño ? "La commune pourra revenir vers nous pour renégocier", assure Luc Bourgade, directeur général de la CDE. Le délégataire estime que la hausse tarifaire permettra d'atteindre l’équilibre, mais pas la rentabilité minimum imposée par le groupe Suez. Si jamais elle devait être dépassée, "un mécanisme prévoit un reversement des trop profités".

Mais, pour la planète et ses propres économies, mieux vaut continuer à réduire sa consommation d'eau. Car si les prévisions sont bonnes et les tarifs inchangés, en consommant 205 m3 d'eau par an contre 227 aujourd'hui, en 2027, chaque foyer payera en moyenne 21 914 francs de facture annuelle. Contre 22 654 francs en 2022. 

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