C'est un habitant de Saint-Louis âgé de 38 ans qui a perdu la vie ce mercredi, au Mont-Dore, à hauteur de la mission catholique voisine de la tribu. La précision est donnée dans un communiqué du procureur diffusé en soirée. Yves Dupas y dresse un récit des circonstances, au vu des éléments déjà recueillis. L'homme, dont on sait qu'il s'agit de Rock Victorin Wamytan dit "Banane", a été "atteint mortellement vers 11h30, écrit-il, par un tir de riposte d’un gendarme du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale, à proximité de l’église de Saint-Louis."
Un homme "arborant une arme longue à une fenêtre" de l’église
"Depuis le début de la matinée, les gendarmes mobiles assurant la sécurisation de la route provinciale dans le secteur (…) ont été visés par plusieurs actions de tirs, notamment sur des véhicules blindés et ce, en différents points de l’axe routier", décrit le procureur. "Vers 9h30, quatre hommes armés et au visage dissimulé étaient aperçus à proximité de l’église", continue-t-il. "Ils [se sont introduits] dans le presbytère. Ainsi qu’à l’intérieur de l’église pour l’un d’entre eux, qui était vu arborant une arme longue, à une fenêtre au niveau supérieur de l’édifice."
Tir contre un drone, puis les gendarmes
"Manifestement, les mis en cause occupaient les lieux de manière irrégulière depuis le 4 juillet", ajoute Yves Dupas. "Vers 11h15, plusieurs coups de feu étaient tirés en direction d’un drone déployé par la gendarmerie, afin d’assurer des missions d’observation sur le site. Vers 11 h30, enchaîne-t-il, des gendarmes du GIGN positionnés à 650 mètres de l’église étaient directement visés par plusieurs tirs." Selon le procureur, c'est alors qu'un d'eux a fait usage de son arme de service, dans ce qui est décrit comme "une action de riposte à une attaque caractérisant un péril imminent pour ses camarades et lui-même".
Blessé au côté
"Atteint mortellement par un projectile au niveau du flanc", l'habitant de Saint-Louis a été, d'après ce communiqué, "transporté dans un pick-up par ses comparses jusqu’à la tribu". Le parquet annonce avoir ordonné un scanner et une autopsie de la dépouille.
Le détail des deux enquêtes ouvertes
Il fait aussi savoir que deux enquêtes sont ouvertes.
- L’une, pour tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique. Elle concerne les coups de feu que les personnes mises en cause auraient tirés sur les gendarmes. Elle est diligentée par la section de recherches de Nouméa.
- L'autre, pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Elle est conduite par le bureau des enquêtes judiciaires à l’Inspection générale de la gendarmerie nationale. En lien avec l’usage de son arme par le gendarme du GIGN, elle porte sur la mort de la victime.
A ce stade de l’enquête, et sous réserve des investigations en cours, l’hypothèse d’une action de légitime défense pourrait être privilégiée au vu des circonstances ayant amené le gendarme à faire usage de son arme de service.
Yves Dupas, procureur de la République, le 10 juillet 2024
Un mandat de recherche délivré le 2 juillet
Victime apparentée au grand chef de Saint-Louis et président du Congrès, Roch Wamytan. Le trentenaire, signale le procureur, "faisait l’objet d’un mandat de recherches délivré par le parquet le 2 juillet, en raison de sa participation supposée à une série de faits de vol de véhicule avec usage ou menace d’une arme". Pas moins de douze car-jackings, constatés sur la route provinciale entre le 30 juin et le 7 juillet, dimanche de second tour particulièrement marqué par la violence des faits.
Multirécidiviste
"En outre, énumère Yves Dupas, ses multiples antécédents judiciaires portent sur des faits de violences volontaires avec arme, destruction de biens par incendie, participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime." Incarcéré au Camp-Est, il était sorti de détention il y a un an, "le 19 juillet 2023".
Ce décès, en lien direct avec les violences qui ont débuté il y a deux mois, représente le dixième tué par balle depuis la mi-mai. La Nouvelle-Calédonie déplore la mort violente de huit civils et deux gendarmes mobiles.