Le grand incendie toujours en cours à La Coulée

Dimanche soir, l'évaluation officielle fait toujours état de 1200 hectares brûlés au Mont-Dore, vers La Coulée. L'intervention des pompiers et des hélicos a été organisée aujourd'hui de façon à protéger la réserve intégrale de la montagne des Sources. Samedi, une famille a perdu son foyer.
[MISE A JOUR DU SOIR]

Les fumées et le bruit des hélicos ont rythmé cette journée de dimanche, du côté de La Coulée. Et ça va continuer. La sécurité civile annonce ce soir que «le dispositif déployé ce jour sera reconduit demain dans les mêmes conditions».

Feu du Mont-Dore, point de situation du 1er décembre by Françoise Tromeur on Scribd

 

Le vent met les pompiers en difficulté

Celui-ci «a permis de tenir la tête de feu pour éviter la propagation en direction de la commune de Dumbéa», développe Danilo Guépy, le directeur par intérim, dans son dernier point de situation. «Néanmoins, les hommes sur le terrain sont en difficulté depuis le milieu d'après-midi en raison de conditions défavorables.» 

Le reportage de Natacha Cognard et Patrick Nicar : 
©nouvellecaledonie
 

Récit de la journée

Ce dimanche matin, la commune du Mont-Dore, et même ses voisines, se sont réveillées avec une odeur de brûlé, mais dans un premier temps, l'impressionnant panache marron n'était plus présent au-dessus du relief. La veille, il avait alerté toute l'agglomération sur la gravité de ce feu.
 
Assistance au sol pour les bombardiers d'eau.
 

Atmosphère à nouveau enfumée

Un incendie monstre, parti en milieu de journée du bord de la rivière et qui a ravagé plus d'un millier d'hectares en à peine six heures. Mais dimanche matin a tourné comme samedi après-midi : le vent s'est levé, le feu a été ravivé sur plusieurs versants et très vite, l'atmosphère mondorienne a été de nouveau enfumée. Le tout sur fond de conditions défavorables : la carte des risques plaçait la montagne des Sources en niveau d'alerte extrême.
 
Le long de la Coulée, dimanche matin.
 

Surveillance nocturne

A ce moment, les soldats du feu étaient au charbon depuis plusieurs heures déjà. Après une surveillance assurée toute la nuit par les pompiers communaux et la police municipale, un hélicoptère Bell a effectué des rotations dès tôt le matin. Il a déposé sur la ligne de crête du matériel et un détachement d'intervention depuis le terrain de rugby de La Coulée - c'est là qu'est installé le PC opérationnel, commandé par la sécurité civile puisque le plan Orsec feux de forêt de niveau 2 a été déclenché samedi soir.  
 
L'hélicoptère part déposer du matériel sur crête.
 

Mission première : protéger la réserve

L'idée de ces équipes héliportées : aménager des citernes d’eau sur les hauteurs inaccessibles par voie terrestre, et lutter contre le feu au sol à proximité. Par exemple en haut du mont Ta, derrière la vallée de la Thy. En parallèle, jusqu'à trois bombardiers d'eau effectuaient des largages. Mission première, stopper le feu qui se propageait vers la forêt de la montagne des Sources et le parc de la rivière Bleue.
 
 

Sectorisé

«On a une zone de 1200 hectares, avec un axe de propagation vers le Nord-Ouest, et on a dû sectoriser l'incendie de manière à mieux orienter les secours», expliquait à la mi-journée Anthony Guépy pour la sécurité civile. Et de détailler : «On a un secteur avant, à gauche de la rivière de la Coulée, avec une unité d'intervention héliportée qui a été envoyée dès ce matin, dix-neuf personnels sur place et trois hélicoptères bombardiers d'eau, dont la mission principale est d'éviter que le feu ne se propage vers le Nord et donc vers la montagne des Sources
 
 

La Thy surveillée de Saint-Louis

«Le deuxième secteur très important, poursuivait-il, c'est le secteur droit, avec des véhicules du Mont-Dore et de la DSCGR qui, eux, vont stopper le feu au niveau du chemin communal en bord de la rivière.» Sur place, les pompiers de la ville renforcés par des moyens de la sécurité civile, des pompiers réquisitionnés des casernes de Païta et Nouméa. Mais aussi, en vigie, la réserve citoyenne du Mont-Dore. Les réservistes de la tribu de Saint-Louis surveillent l'évolution d'un troisième foyer, du côté de la Thy. 
 
Samedi 30 novembre, une cabane a été brûlée dans le feu de La Coulée.
 

Une famille sans toit

Samedi après-midi, des zones d'habitat peu dense, en partie précaire, et d'exploitations agricoles ont vu passer les flammes. Dimanche, plusieurs maisons, serres et champs ressemblaient à des îlots préservés au milieu des cendres. Mais tout n'a pas pu être sauvé. La cabane de Lucien Mahé et sa petite famille a brûlé hier, au bord de la route de la montagne des Sources. Il vivait là depuis dix-sept ans. «Chez moi, y a plus», lance l'homme d'une voix vibrante de colère. «J'ai tout perdu.» Ce désastre de La Coulée pourrait être dû à un barbecue allumé au bord de la Coulée et pas maîtrisé. L'enquête qui a été ouverte devra le préciser. La commune a décidé de porter plainte. Ironie du sort, elle était relativement épargnée par les feux, cette saison...
 
 

Opération très coûteuse

Le maire du Mont-Dore Eddie Lecourieux et plusieurs responsables municipaux ont effectué ce matin une longue reconnaissance terrestre. Dans l'après-midi, le président du gouvernement Thierry Santa et la présidente de la province Sud Sonia Backès sont allés eux aussi se rendre compte de la situation. «C'est une intervention qui va durer pas mal de jours, au minimum une semaine», prévient Danilo Guépy, directeur adjoint par intérim de la sécurité civile. En plus de l’impact écologique dramatique de cet incendie, les autorités tiennent à signaler le coût faramineux de l’opération. 
 

C'est une intervention qui va durer pas mal de jours, au minimum une semaine.
- Danilo Guépy, sécurité civile

 
Le feu a commencé au bord de la rivière, au-delà du lotissement Schohn.
 

Le souvenir d'il y a quatorze ans

Ce qui est parti en fumée aujourd'hui, c'est, selon les endroits, du maquis minier, de la forêt ou, gâchis dans le gâchis, la revégétalisation des mines orphelines. Des captages d'eau ont vu passer le feu. Sans parler des années de replantation effectuée dans la plaine par les enfants et les adultes du Mont-Dore afin de panser les plaies des incendies précédents. Notamment celui, catastrophique, de fin 2005-début 2006. Il avait ravagé 4700 hectares et poussé jusqu'aux portes de la réserve naturelle intégrale. La première ressource en eau du Grand Nouméa, qui alimente environ 130 000 personnes et représente un hotspot de biodiversité. C'est notamment la pluie qui avait permis de renverser la tendance.
 
 

Aide proposée

Les membres et bénévoles de l'antenne WWF sont «à nouveau prêts à venir appuyer les sapeurs-pompiers s'ils en estimaient le besoin», a fait savoir d'entrée le représentant local du World wild fund Hubert Géraux. Sur les réseaux sociaux, les Calédoniens sont également nombreux à proposer leur aide. Il y a quatorze ans, les civils avaient pu donner la main aux pompiers et à l'armée.