Au Thabor, le verrou nord a été poussé sur le côté. Sous un tivoli, un écran permet de visualiser les images de la route envoyées par drone, une carte est déployée. Pas question de voir à nouveau un automobiliste se faire carjacker pour l’officier en charge de la sécurisation des convois encadrés par les forces de l'ordre, mis en place pour traverser la tribu de Saint-Louis au Mont-Dore, dans le sud de la Nouvelle-Calédonie.
“Cet après-midi, on a fait deux ou trois levées de doute sur des tentatives de caillassage sur les convois. On a installé une petite structure de coordination ici, qui nous permet d’avoir à la fois des retours audios, de l’image, pour préparer ces escortes et s’assurer que lors de leur passage on ne rencontre pas de difficultés particulières, comme des entraves à la circulation ou des caillassages.”
Tous les kilomètres, un Centaure, véhicule blindé dernière génération, ou un VBRG a été positionné pour pouvoir intervenir en cas de problème. À l’un des points chauds de la traversée, deux très jeunes garçons, cagoulés, s’approchent de la chaussée, projectile à la main, avant de soudainement rebrousser chemin en courant vers l’intérieur de la tribu. L’incident est aussitôt signalé au PC. Après un contrôle par drone, des grenades de désencerclement seront finalement tirées.
Phase de désescalade
“Le pont de la Thy reste un point difficile, reconnaît le général Nicolas Matthéos, commandant de la gendarmerie en Nouvelle-Calédonie. Mais c’est tenu. Il y a des voitures discrètes qui sont insérées dans le convoi, on a des Centaure. On est en mesure de riposter tout de suite, s’il le faut. On est en phase de désescalade, il faut accepter que cela prenne un peu de temps. Mais l’objectif est bien que l’on puisse à nouveau circuler normalement sur le RT1”, assure Nicolas Matthéos.
“Le pont de la Thy reste un point difficile. Mais c’est tenu."
Général Nicolas Matthéos, commandant de la gendarmerie en Nouvelle-Calédonie
Les responsables coutumiers ont été mis à contribution pour tenter de raisonner la dizaine de jeunes qui, selon les forces de l’ordre, “ont les gendarmes pour cible, pas les automobilistes.” Assis sur une chaise pliante, un quinquagénaire en tee-shirt vert au logo de l’Union calédonienne, regarde passer les voitures. Une présence qui se veut dissuasive. “On est présents au bord de la route aux heures d’ouverture à la circulation à la demande des autorités”, indique Roch Wamytan, qui veut lui aussi croire qu’un chemin a été trouvé vers l’apaisement.
Depuis la mise en place des convois, aucun incident impliquant des civils n’a été signalé et le nombre d’automobilistes à tenter la traversée a plus que doublé, assure la gendarmerie nationale.
Écoutez le reportage audio de Charlotte Mannevy, en immersion avec la gendarmerie nationale :