Coup dur pour les familles du foyer Béthanie, situé en centre-ville de Nouméa. Ce 5 août au matin, la structure a fermé ses portes pour de bon, alors qu'elle accueillait depuis de nombreuses années des femmes et des enfants en situation de précarité.
Soutenues par l’association Solidarité de la VDT, six de ces résidentes dénoncent cette décision et les conditions dans lesquelles elles ont dû quitter les lieux. Un départ qu’elles qualifient de "forcé". Elles parlent mêmes d’"expulsion".
"On se bat aujourd'hui parce qu'on ne peut pas rester dehors, indique Béatrice Nomaï, une ancienne résidente du foyer. On est avec nos enfants. On ne peut pas aller dans la rue comme ça. On a besoin de ce foyer, pour repartir sur de nouvelles bases."
Pas de bilan financier
Le foyer Béthanie fait partie des neuf structures d’hébergement subventionnées par la province Sud. En 2023, l’institution leur a versé 273 millions de francs, dont 73 millions pour le foyer Béthanie.
Contactée par téléphone, la Maison bleue déclare que chaque année, les subventions sont versées quand les bilans financiers sont fournis par les structures d’hébergement. Des structures qui, confrontées à la crise actuelle, ne l’ont pas encore fait.
Est-ce que les choses auraient pu être différentes dans ce contexte ? Non, répond la province Sud. Pour les soutiens des résidentes du foyer Béthanie, la direction de la structure est la seule responsable de la situation.
On n'a pas reçu de subvention. Je n'ai pas de baguette magique."
Laure Régnauld, la directrice du foyer Béthanie
Dans les mains du gouvernement
Interrogée par les résidentes en colère, la directrice du foyer Béthanie décline toute responsabilité dans ce dossier. La dissolution de l’association s’est décidée en assemblée générale par l’ensemble du conseil d’administration. Onze salariés, dont la responsable, vont se retrouver sans emplois.
"Je suis salariée, je ne fais pas partie du conseil d'administration, qui a décidé de dissoudre l'association du foyer Béthanie, précise Laure Régnauld, sa directrice. Seules cinq résidentes, aujourd'hui, ne souhaitent pas partir. Elles ont eu la consigne de rester."
Face aux résidentes en colère, la responsable poursuit : "j'ai eu le chef de cabinet de Gilbert Tyuienon encore au téléphone qui a dit qu'il allait essayer de trouver des solutions pour vous toutes. Je ne suis pas propriétaire des murs. On n'a pas reçu de subvention. Je n'ai pas de baguette magique."
Trouver un nouveau modèle
De son côté, Isabelle Champmoreau, la vice-présidente du gouvernement en charge de la lutte contre les violences conjugales, salue l’engagement de l’équipe du foyer, qui s’est toujours engagée et investie, selon elle, dans la protection et l’accompagnement des femmes victimes et de leurs enfants.
L'exécutif et ses partenaires, la province Sud et la SIC (propriétaire des murs), déclarent "être préoccupés par la fermeture du foyer Béthanie". Huit femmes sont concernées : six d'entre elles sont orientées dans un parcours de relogement SIC et FSH et deux seront hébergées au foyer d'accueil les Manguiers.
Un travail sera également engagé avec les partenaires pour définir une nouvelle solution d'hébergement. Il s'agira de travailler avec les associations du secteur et les institutions pour proposer un nouveau modèle dans les meilleurs délais. Les trois provinces sont concernées car des ressortissants du Nord et des Iles sont également accueillis.
Le reportage télé de Natacha Lassauce-Cognard et Carawiane Carawiane