Affaire Pérès-Martinez : l'ancienne maîtresse d'Eric Martinez à la barre

Cinquième jour du procès d'Olivier Pérès.
Le cinquième jour du procès d'Olivier Pérès s'est ouvert ce vendredi 7 avril, à Nouméa. Une journée où les témoins se sont succédés à la barre et notamment, l'ancienne maîtresse d'Eric Martinez.

Une nouvelle journée s'est ouverte sur le procès d'Olivier Pérès. Après avoir terminé jeudi soir par la visio-conférence de Mathilde Pérès, le procès a débuté ce vendredi matin, non pas par l’audition de l’expert psychiatre métropolitain qui était prévue (à cause d'un problème de connexion à Paris) mais par l’audition de plusieurs témoins, dont une ancienne maîtresse d'Eric Martinez.

Pour commencer, le 11ème témoin de ce procès intervient à la barre. Ami d’enfance d’Olivier Pérès, il déclare avoir connu l’accusé à l’âge de 12 ans. Interrogé par Me Céline Lasek, il affirme, comme en première instance, « il n’y a jamais eu de culture des armes dans la famille Pérès ».

Témoignage du frère de l'accusé

Le 12ème témoin est l’un des deux frères cadets de l’accusé, ingénieur de profession. Il souhaite revenir sur leur histoire familiale et notamment leur père, un homme érudit, charismatique, impliqué dans l’éducation de ses enfants. Décédé aujourd’hui, il laisse « un héritage moral et intellectuel important » à ses 6 enfants et ses 30 petits enfants. Le témoin décrit son enfance comme idéale aux côtés de ses frères et sœurs. Il déclare « Olivier est un homme humble, généreux, très intelligent, un éternel optimiste, il sait prendre du recul quand la situation est grave ». En rajoutant que son frère « sait perdre, il n’a pas de problème avec la défaite ».

Dans ses déclarations spontanées, il revient sur le début du mois de septembre 2018 et évoque un appel téléphonique qu’il reçoit de son frère, Olivier Pérès. « Pour donner le change lors de discussions avec Éric Martinez (ce dernier lui proposant d’avoir des relations intimes avec d’autres femmes), il invente des infidélités. Des propos enregistrés par Éric Martinez qui sont rapportés à Mathilde, qui est au Vietnam », explique-t-il. Ce qui aurait entraîné le début des actes sexuels entre Mathilde Pérès et Éric Martinez.

Le frère de l’accusé fait aussi référence à un divorce violent à venir avec Mathilde, qualifiant Éric Martinez « de dangereux psychopathe ». « Je n’ai pas pris la mesure de sa peur vis-à-vis de son voisin », continue-t-il. Concernant l’emprise psychique, le témoin déclare que la famille Pérès avait du mal à y croire mais finalement, elle se rend compte qu’elle est « très prégnante chez Olivier ». « Elle l’est toujours d’ailleurs », ajoute-t-il. 

Interrogé par Me Calmet, le témoin reconnaît que lors de son appel téléphonique début septembre 2018, son frère ne lui a pas relaté de menaces faites par Éric Martinez à l’encontre des enfants Pérès. L’avocate générale, Claire Lanet, lui demande si l’accusé avait fait référence à des menaces d’Eric Martinez sur son épouse, le témoin répondra par la négative. Dans cet appel, Olivier Pérès n’avait pas non plus fait référence à Laurence Martinez, déclare-t-il. Le témoin finit ses déclarations, questionné par la défense, il atteste qu’Olivier Pères est animé par « une sincérité naïve ». « Nous ne sommes pas tous égaux face à un pervers narcissique (faisant ainsi référence à Éric Martinez). Olivier avait dans le passé un raisonnement parfait, aujourd’hui ce n’est plus le cas », atteste-t-il.

Stage d'acupuncture

Le 13ème témoin comparaît à la barre : une ancienne connaissance de Mathilde Pérès, qui a participé avec elle à un stage d’acupuncture au Vietnam en août 2018. Elle revient sur les changements d’attitude de la femme de l’accusé au cours de leur séjour. « Elle ne mangeait presque plus, elle faisait du sport ». Le témoin déclare qu’un proche, un certain Nestor (nom donné par Éric Martinez) veillait sur elle via des satellites, « Mathilde me parlait des risques qu’elles encouraient en Asie : trafic de femmes, de corps humains », dit-elle. Interrogée par Me Isabelle Mimran, le témoin revient sur ses anciennes déclarations, « je ne voulais pas dire que Mathilde Pérès était dans la séduction avec un homme », à ce moment-là elle avait des griefs à l’encontre de Mathilde car elle se sentait mise à l’écart du groupe injustement lors du stage. Ce témoin avait aperçu une photo de sexe d’homme sur le téléphone de Mathilde Pérès, cette dernière lui avait dit que c’était son mari. La question se pose, n’était-ce pas Eric Martinez ?

« Olivier a voulu protéger ses enfants »


Un peu avant l’interruption du midi, le 14ème témoin est entendu. Ce médecin du CHT revient sur l’état de santé mentale dans lequel était Olivier Pérès début septembre 2018. Vu son état, le 4 septembre, ce médecin rédige un arrêt maladie d’une durée de 10 jours pour que l’accusé se repose. L'accusé décide malgré tout de reprendre le travail deux jours plus tard. Le témoin déclare qu’en voyant Olivier Pérès, la pression avait baissé. Interrogé sur ses capacités à effectuer des interventions chirurgicales, le témoin répond qu’il en était tout à fait capable malgré tout ce qui lui arrivait. « Il a voulu reprendre le travail pour se sortir de ce cercle dans lequel il était enfermé », commente-t-il. « Olivier Pérès a toujours fait preuve d’une énergie phénoménale, il a une force de caractère qui lui permet d’opérer malgré des lumbagos chroniques (l’accusé souffre de lumbagos) ». « Il a une conscience professionnelle importante, il n’avait jamais de retard, jamais d’arrêt maladie en 25-30 ans de carrière », continue-t-il.

Me Laurent Aguila demande alors au témoin : « pensez-vous qu’Olivier Pérès a agi au moment du drame pour protéger sa famille ? Ou parce ce qu’il était un mari jaloux qui voulait se venger ? » Le témoin déclare sans hésitation: « Olivier a voulu protéger ses enfants ». Une thèse reconnue par la défense de l’accusé. Des qualités qui sont confirmées par une de ses anciennes collègues de travail. 

Un témoignage qui pourrait faire basculer le procès


Droite et digne, cette quadragénaire témoigne de sa relation extra-conjugale qu’elle a eue avec Éric Martinez en 2008. Cette ancienne maîtresse de la victime revient sur cette relation au début consentie, mais lorsqu’elle décide de le quitter, elle devient la pire ennemie d’Eric Martinez, selon ses dires. La victime lui dira qu’« elle allait le regretter ». Elle recevra peu de temps après des photos intimes de ses ébats avec lui, avec la menace de les publier. La témoin n’hésite pas à porter plainte, Éric Martinez sera placé en garde à vue. « Cette témoin n’est pas la seule à avoir dénoncé des faits de harcèlements vis-à-vis d’Eric Martinez », déclare les avocats de la défense. « A partir du moment où vous étiez gentille avec lui, il était gentil mais lorsque l’on ne voulait plus, il le prenait mal » continue-t-elle. Me Aguila lit un message qu’Eric Martinez lui avait écrit. Dans ce mot, il ordonne à sa maîtresse de le rejoindre dans un hôtel et d’être habillée comme il le désire, lui. Une réponse positive de sa part serait alors « profitable pour son avenir ». La témoin dit qu’elle était considérée comme un objet sexuel et qu’elle ne voulait pas être réduite à ça. Elle rajoutera, « il n’avait pas une haute estime de son épouse, elle semblait être aussi son jouet, il la traitait comme une moins que rien. »

Les débats se sont terminés ce vendredi soir par le témoignage de Julie Pérès, la plus jeune des enfants du premier mariage de l’accusé. Elle est revenue sur son lien important avec son père.