Condamné, le « cambrioleur-escaladeur » s’enfuit du tribunal avant la fin de son audience

Tribunal de première instance, à Nouméa
Un mandat d’arrêt a été lancé par le tribunal correctionnel de Nouméa à l’encontre d’un homme de 25 ans qui était poursuivi pour une dizaine de cambriolages. Il a pris la fuite avant le délibéré. Il est désormais activement recherché.

Les policiers sont repartis du palais de justice de Nouméa… le fourgon vide. Un jeune homme de 25 ans, dont le CV compte quinze condamnations dont onze pour des vols, est depuis vendredi matin activement recherché par les autorités judiciaires du pays. En cavale, il n’a pas encore été retrouvé.

Placé sous contrôle judiciaire dans l’attente de son procès, le prévenu était pourtant arrivé libre à l’audience du tribunal correctionnel de Nouméa. La justice lui reprochait une dizaine de cambriolages en seulement quelques jours entre mars et avril. Ce délinquant notoire s’était fait une spécialité : le vol par escalade. A chaque fois, il procédait selon le même mode opératoire. Il repérait bien souvent les fenêtres laissées ouvertes des appartements et escaladait les façades, coursives et gouttières des immeubles pour s’y introduire, les fouiller de fond en comble et repartir avec ce qui l’intéressait. Et qu’importe que le logement soit situé au 2e ou au 3e étage, rien ne pouvait arrêter ce jeune qui agissait de jour comme de nuit et parfois en présence des occupants.

« Quand je vole, ça vient tout seul »

« Vous avez même réussi à voler un vélo sur un balcon d’un immeuble », relève la présidente Lise Prenel, stupéfaite par ses méthodes acrobatiques. « Vous avez un don pour l’escalade ».

Condamné alors qu’il était mineur à Wallis-et-Futuna, le jeune homme « posait tellement de problèmes là-bas qu’il a été transféré et incarcéré à Nouméa », souligne la magistrate. Depuis, il enchaîne les gardes à vues et les allers-retours au Camp-Est. A seulement 25 ans, il cumule déjà quatre périodes d’incarcération. « Il n’a pas de parents, pas d’endroit pour dormir. Il a vécu une injustice toute sa vie. Il l’a clairement exprimé devant le juge des libertés et de la détention : soit il vole, soit il est obligé de se prostituer... », affirme son avocate, Me Alexia Tardieu.

En garde à vue comme devant la juridiction, ce garçon sans emploi, ni formation a expliqué avoir agi par opportunisme. Les vols ? De l’alcool, des appareils multimédias, des draps… Il sera à chaque fois confondu par ses empreintes digitales, « vous êtes fichés de partout tellement vous êtes connu », constate la présidente.

« Quand je vole, ça vient tout seul. J’ai trop fait de cambriolages, je ne m’en rappelle pas de tous », répond le multirécidiviste, voyant la case prison se rapprocher à mesure que le procès avance.

Surtout lorsque la procureure de la République Fabienne Coupry requiert à son encontre un passage derrière les barreaux pendant 18 mois (et douze mois avec sursis) car « il passe son temps à voler et je ne vois pas ce qui peut l’arrêter à part le Camp-Est ». « Si vous voulez me mettre en prison, faites-le maintenant ! », s’agace le prévenu avant d’être sèchement recadré par la présidente.

Recherché par la police

Le parquet s’appuie sur une « inquiétante » expertise psychiatrique qui conclut « à l’absence de honte » et de remise en question. « Son seul regret, c’est de s’être fait interpeller. Voler ne lui pose aucun cas de conscience, il ne veut pas remettre en cause son mode de vie », analyse l’expert qui évoque « un risque de récidive très important ».

La suite du procès est pour le moins inattendue : alors que les magistrats se retirent pour délibérer sur la peine à infliger, le jeune homme en profite pour prendre la poudre d’escampette. L’homme comparaît libre, il a tout le loisir de sortir de la salle d’audience. Mais pas de se faire la malle au nez et à la barbe des autorités.

A leur retour dans la salle, les juges ne peuvent que constater l’absence du prévenu. « Je crois qu’il nous a faussé compagnie », en conclut la présidente qui annonce la condamnation : 30 mois de prison ferme. Le mandat de dépôt se transforme en mandat d’arrêt.

Les policiers sont désormais aux trousses du « cambrioleur-escaladeur ». Lorsqu’il sera interpellé, ce sera un aller direct vers le Camp-Est.