Dossier d’inscription sous le bras, des dizaines de personnes se pressent chaque matin, avant même l’ouverture, devant les bureaux de la Direction de l’emploi et du logement de la province Sud, à Ducos. L’accueil physique a repris progressivement depuis le mercredi 19 juin, à Ducos, mais aussi à l’Espace Jeunes (ouvert à tous), pour Nouméa et La Foa pour la Brousse. Les antennes de Thio, d’Apogoti, Dumbéa-sur-mer et Boulari au Mont-Dore restent fermées pour le moment, les conditions de sécurité n’étant pas réunies pour permettre l’accueil du public.
La DEL s’attend à un afflux massif dans les prochaines semaines : “Nous avons déjà beaucoup de monde, mais on s’attend à un afflux encore plus important dans les semaines à venir”, reconnaît Stéphanie Gaillot, cheffe de service à la Direction de l’emploi et du logement de la province Sud. Au bas mot, 7 000 personnes ont perdu leur travail parce que leur entreprise a été incendiée ou pillée, voir les deux. D’autres sont susceptibles de devoir licencier, faute d’activité. Un tableau noir auquel la Direction de l’emploi se prépare.
Procédures simplifiées
L’inscription a été simplifiée au maximum et peut se réaliser entièrement en ligne. Pour ceux qui étaient déjà demandeurs d’emploi, le pointage a été fait automatiquement pour les mois de mai et de juin . Et une permanence téléphonique permet d’éviter de se déplacer inutilement.
La DEL travaille aussi à l’adaptation de son offre à la nouvelle situation : “Nous savons pertinemment que nous ne pourrons plus accompagner les gens de la même manière, reconnaît Stéphanie Gaillot. Notamment pour le volet insertion et les personnes éloignées de l’emploi, on est en train de voir avec nos partenaires quelles solutions nous pouvons apporter.”
Car si le nombre de demandeurs augmente, les offres, elles, se font rares : “On a déjà enregistré une baisse des offres de 30 à 40 %. Si l’on regarde les chiffres du jour, on est à 11 400 demandeurs pour 340 offres”, raconte Stéphanie Gaillot.
Une source d’inquiétude pour les nouveaux arrivant sur le marché de l’emploi, qui sont pour beaucoup encore traumatisés par la perte de leur outil du travail, souvent parti en fumée. “Ce sont des gens qui doivent faire le deuil d’une vie professionnelle, d’une carrière, qui sont ultra-motivés pour retrouver du travail, mais qui sont pour certains encore fragiles, estime Anaïs Tamole, conseillère à l’emploi, qui souligne le sens de la solidarité de certains salariés : “Il n’y a plus de transports en commun, alors ils covoiturent et ils s’entraident aussi pour constituer les dossiers.”
Roger, 22 ans de carrière au centre commercial Kenu In, parti en fumée aux tout premiers jours des émeutes, est venu vérifier son inscription. C’est aussi l’occasion “de se voir avec les anciens collègues. On discute sur le parking, on prend des nouvelles. Le moral est bon.” Même si le traumatisme est encore présent pour beaucoup, comme chez Sophie, qui travaillait depuis deux ans dans un restaurant rapide de la galerie commerciale : "Ça m’a fait vraiment mal au cœur de voir tout ça partir en fumée. Mais maintenant, sourit-elle, il faut aller de l’avant.”
Permanence téléphonique de la DEL : 20 36 00.