Emeutes en Nouvelle-Calédonie : mobilisation devant le tribunal de Nouméa pour demander la condamnation des "commanditaires des violences"

Parmi les personnes mobilisées devant le palais de justice de Nouméa, des chefs d'entreprise ou encore des professionnels de santé.
Cent à deux cents personnes ont manifesté devant le palais de justice de Nouméa, jeudi après-midi, à l'appel des Loyalistes et du Rassemblement-LR. Une mobilisation pour demander que les responsables de la CCAT soient traduits en justice.

Chefs d’entreprise, professionnels de santé... Près de deux cents manifestants ont répondu ce jeudi après-midi à l'appel des Loyalistes et du Rassemblement-LR, en se mobilisant devant les grilles du tribunal de Nouméa.

Le message des responsables politique est clair : ils exhortent la justice à condamner les leaders de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), responsables selon eux des destructions et des violences qui secouent le pays depuis le 13 mai.

Rencontre avec le procureur

Après quarante-cinq minutes d’entretien avec le procureur de la République, les élus se sont montrés satisfaits et ont tenté de rassurer au micro les manifestants. "Le procureur nous a affirmé qu’il y avait une détermination totale dans les enquêtes qui étaient menées, et notamment sur la priorité que nous nous étions fixée aujourd’hui : les commanditaires et les donneurs d’ordre, qu’ils soient politiques ou pas", souligne Virginie Ruffenach, la cheffe du groupe Rassemblement-LR au Congrès.

 

"Libérer" les discussions avec une partie des indépendantistes

Pour la présidente de la province Sud Sonia Backès, la condamnation de "ces extrémistes" doit permettre de "libérer les indépendantistes qui sont capables de discuter". "Tout le monde est conscient que la solution ne passera pas que par un maintien de l’ordre et que par la condamnation des 8 000 mecs qui étaient sur le terrain. Elle passera que par une solution politique. Et pour qu’il y ait une solution politique, il faut que les extrémistes soient condamnés, sinon les autres ne peuvent pas parler", a déclaré Sonia Backès au micro.

Un nombre d'incarcérations jugé insuffisant

Ces Calédoniens rassemblés devant le palais de justice se disent excédés et en colère, après bientôt quatre semaines de violences. "On aimerait bien que la justice prenne enfin les choses en main. On a l’impression que ça n’avance pas assez vite, exprime l'un d'eux, qui préfère garder l'anonymat. On nous parle de 50 personnes qui ont été incarcérées pour l’instant sur des milliers d’émeutiers. On a vu qu’il y a[vait] beaucoup de complicités, avec des leaders qui ne sont toujours pas derrière les barreaux."

Un autre manifestant témoigne, lui aussi, de ce ras-le-bol. "On en a assez, nous entrons dans la quatrième semaine, nous sommes épuisés. Mais qu’ils ne perdent pas de vue que nous avons l’intention de tenir bon. Il y a de la solidarité et il y en aura encore."

La justice dénonce "une pression inacceptable"

Dans un communiqué publié en fin de journée ce jeudi, les chefs de la Cour d’appel considèrent que cette "manifestation illégale" constitue "une pression inacceptable [..] dans un contexte difficile". Les magistrats demandent à chacun de "retrouver la sérénité et en particulier aux responsables politiques, qui sont à l'origine de ce mouvement, alors que leur mandat devrait les conduire à rechercher l’apaisement et le dialogue". 

Chiffres à l'appui, la Cour d'appel détaille les réponses pénales apportées par la justice depuis le début des émeutes, le 13 mai : 726 gardes à vue, 115 défèrements et 60 mandats de dépôts, "malgré une surpopulation carcérale chronique".

Un bilan judiciaire proportionnellement comparable à l'Hexagone

Interpellés sur la question des leaders de la CCAT, les magistrats précisent que grâce aux renforts d'officiers de police judiciaire, la justice s'attelle à "traiter aussi en profondeur la recherche de preuves dans le cadre de 7 informations judiciaires sur des faits criminels et à rechercher les commanditaires des troubles."

Pour illustrer la charge de travail accomplie par les magistrats, la Cour d'appel précise que ce bilan judiciaire est déjà "proportionnellement équivalent à celui de juillet 2023 en métropole, qui avait consisté pour 50 000 émeutiers à gérer 4 500 gardes à vue, 1 4000 défèrements et 600 mandats de dépôt".

Le reportage télévisé de Sylvie Hmeun, Claudette Trupit et Thierry Chapuis

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