Bisque de crevettes, poulet façon fafa, buffet de desserts autour de fruits de saison. C'était le menu de ce mardi midi, au New Ville, le restaurant d’application du Groupement pour l’insertion et l’évolution professionnelles (Giep). Que des produits du pays, souligne Fabien Muchuitti, chef et formateur. Parce que ça plaît "mais ce qui m’intéresse, c’est la montée en compétences technique et organisationnelle". Ces produits seront plus simples à travailler, les stagiaires les connaissent. Ils sont actuellement dix en cuisine et neuf en salle.
Ouverture trois midis par mois
Trois jours par semaine, une semaine par mois, aux fourneaux, ils vont concocter une entrée, un plat et des desserts de leur choix. "Des suggestions en plus du menu affiché. L’exercice sert à travailler la cohésion d’équipe et l’enrichissement personnel." Créé en 1990, le restaurant pédagogique est destiné à la mise en pratique des formations dispensées aux adultes inscrits au pôle hôtellerie-restauration du Giep. C'est aussi une vitrine. La preuve qu'il n'est jamais trop tard pour trouver sa voie.
Il y a un an, Korro était au Camp-Est
Parmi les élèves, Korro, 22 ans, originaire de Canala. Il y a un an, il était au Camp-Est. “J’y suis resté presque trois ans. Pour des vols. C'est là-bas que je me suis rendu compte des erreurs que j’ai faites, le temps que j’ai perdu. Mais je suis encore jeune, il n’est pas trop tard pour rebondir, avoir un diplôme dans la cuisine au moins. Je voulais tenter ma chance." Il a intégré la formation en avril. Il lui reste un an pour la terminer.
Plein jusqu'en novembre
En attendant, avec ses camarades, il devra assurer la bonne réputation du New Ville. Elle est telle que les services sont pleins jusqu'en novembre.
En 2024, il y aura une surprise. La venue d'un chef étoilé pour une deuxième édition de la semaine du goût. Lancée en 2017, avec Michel Sarran, elle devait avoir lieu tous les deux ans, mais la crise sanitaire est passée par là. Rendez-vous l'an prochain avec un autre chef étoilé "assez connu". Un indice : "il a un lien particulier avec la Nouvelle-Calédonie qu’il va pouvoir mettre en valeur", glisse Pascal Velasco, directeur adjoint du Giep, en charge des formations.
Une recrudescence des violences
Il espère que tous les stagiaires seront encore là. Qu'il n'y aura pas d'abandon à cause de violences conjugales. Car depuis un peu plus d'un an, il observe "une recrudescence des violences envers les femmes". Avec cette conséquence "d'empêcher l’insertion de certaines dans leur parcours professionnel. Il y en a qui confient préférer partir du territoire que porter plainte, par peur des représailles." Ou ne plus se présenter au Giep pour tenter de cacher ce qu'il se passe à la maison.
Les violences empêchent l’insertion de certaines femmes dans leur parcours professionnel.
Pascal Velasco, directeur adjoint du Giep
"Peut-être qu’aux yeux de certains hommes, la formation représente une prise d’autonomie", analyse-t-il. Toujours est-il que la direction du Giep a décidé d'agir. En place, il y avait déjà "des zones d’écoute avec les psychologues du travail, qui accompagnent les personnes dans leurs difficultés d’apprentissage et qui, forcément, abordent la partie environnement social et familial". A été ajoutée "une formation pour nos formateurs". Objectif : que le Giep puisse aussi jouer un rôle de prévention et d’accompagnement. Pour rester un tremplin.
Le New Ville est ouvert du mardi au jeudi, de midi à 14 heures, une semaine par mois. Réservations au 52 71 40. Menu à 2 500 F. Les stagiaires assurent aussi des prestations aux entreprises.