« Il est pas assez haut ton chignon on va regarder mais on va essayer de la caler le plus loin possible ». A l’approche du carnaval de Nouméa, l’heure est aux dernières retouches de costumes chez les Giorgini. Nicole et sa fille Laura aiment l’extravagance brésilienne.
Artisanat d'art
Mais pour danser avec cette flamboyante couronne de samba sur la tête, mieux vaut être préparée. Nicole Giorgini, est aussi secrétaire de la Banda Momo en charge des costumes. Elle a une longue expérience : « Il se trouve que c’est très léger. Au tout début on fonctionnait pas comme ça. C’était surtout du carton et de la colle, c’était horrible ». Et à l’entendre, le temps a passé, l’eau a coulé sous les ponts : « là c’est très léger contrairement à ce qu’on croit, après plus vous en mettez au niveau de la déco, plus vous alourdissez. Mais elle a connu tellement pire, là c’est rien du tout ».
Samba
Sous plusieurs centaines de plumes et strass, et avec ses ailes sur le dos, Laura est beaucoup moins affirmative que sa mère. La jeune danseuse de la Banda Momo n’a pas fini de se familiariser avec ses accessoires qu’elle sait fragiles, et qu’elle devra porter tout au long de sa chorégraphie. « C’est agréable », confie-t-elle, « après, pendant deux heures je tiens parce qu’il faut souffrir pour être belle. Mais je préfère lors des répétitions générales ne pas rester trop longtemps avec la coiffe ou le dos, pour qu’après, au carnaval, ça tienne et que ça ne me fasse pas trop mal. Que je puisse faire deux heures de show sans soucis ». Inlassablement, il faut peaufiner les réglages pour ne pas être empêchée dans ses mouvements, ne pas sentir de brûlures ou de frottements. Un travail de plusieurs dizaines d’heures partagées en famille, confie Nicole : « tout le monde participe, tout le monde est membre de la Banda Momo. Laura danse, moi je suis ballanaise (ancienne danseuse), mon mari et mon fils sont batouqueurs (musiciens gros tambours) et tout le monde fait les costumes ». Et la secrétaire de la Banda Momo en connaît les avantages :
le fait de le faire en famille c’est ce qui explique qu’on a bien perduré dans la Banda Momo parce que ça prend beaucoup d’énergie, de temps, et si vous ne le faites pas en famille, il y a des résistances parce qu’automatiquement notre maison est en atelier.
Nicole Giorgini
A partir du moment où on le fait tous ensemble, tout le monde comprend ce qui se passe, tout le monde met la main a la pâte, et ça permet effectivement de pouvoir faire le carnaval car c’est très chronophage. Mais c’est une passion qu’on vit en famille ».
"Récup"
Pendant que les attaches du bikini sont vérifiées pour éviter tout accident de poitrine en plein show, Frédéric et Jean-Marc s’affairent à la fabrication d’un char. Entre structure à réaliser et déco à confectionner, ces passionnés de bricolage rivalisent d’ingéniosité avec des matériaux de récupération « sauf la colle qu’on met dessus pour tenir les paillettes », déclare Frédérique, « mais c’est essentiellement du recyclage. C’est fait avec des hauts de bouteille qui sont découpés pour faire des fleurs. Les tiges ce sont des tubes de tissus ».
Des heures de patience, de labeur et d’entraide qui trouveront leur aboutissement samedi à la tombée de la nuit au centre ville de Nouméa, si la météo le permet.
Le reportage de Loreleï Aubry et Cédric Michaut