En face du cimetière du 6ème kilomètre à Nouméa, plusieurs stands ont investi le parking de l'école Marie Courtot. De la route, on aperçoit les petites clochettes blanches et les acheteurs sont nombreux à s'arrêter quelques minutes pour se procurer la fleur dite porte-bonheur.
C'est incontournable. Je viens en acheter pour faire connaître la tradition à ma fille (Oriane, 3 ans et demi). Elle participe aussi en donnant les petites pièces.
Giulia, une cliente
Ce muguet, il vient de Nantes, en France. Mélany Rivière est fleuriste à Ducos. Cette année, elle estime que les coûts d'importation sont moins onéreux que par le passé.
Exceptionnellement, on a eu un prix raisonnable. On le vend à 1 000 francs le brin pour que ça reste abordable pour les clients.
Mélany Rivière, fleuriste
Le son de cloche pour l'importation de la clochette n'est pas le même quelques mètres plus loin. Pour Priscilla Marlier, vendeuse de fleurs pour l'entreprise familiale, il faut tenir compte des coûts à l'arrivée : "Sur 2 000 brins, la douane et le traitement nous ont coûté 350 000 francs, l'achat des brins : 180 000 francs".Ce traitement à l'arrivée est obligatoire en Nouvelle-Calédonie pour ces fleurs importées.
Des bénéfices florissants ?
Les coûts sont élevés alors pourquoi continuer d'importer ? La production locale n'existe plus. Mélany Rivière pense que le producteur devait faire face à des coûts trop importants pour conserver la fleur au froid : "Ce qu'on n'a pas ici !", plaisante-t-elle. Le cultivateur est à la retraite et la crise Covid a rendu le cheminement difficile pour les éléments de production.
Ces fleuristes font-elles encore des bénéfices ? Si le plaisir de la clientèle est pris en compte, cela n'en reste pas moins du commerce. Mais les fleuristes éludent un peu la question des bénéfices.
Le brin vendu seul, on ne peut rien gagner.
Priscilla Marlier, vendeuse de fleurs
Pour gagner "un petit quelque chose" des compositions sont également vendues sur les étals. Elles sont plus chères, au moins 2 000 francs, et garnies de fleurs locales ou régionales qui sont moins onéreuses. Des compositions qui sont préparées parfois tard dans la nuit la veille pour être proposées le jour J.
À la rencontre de la clientèle...
En ce jour férié, la vente se délocalise sur ces stands. Des stands qui sont réservés via des forfaits à la municipalité sur l'année, explique une vendeuse. Ils sont utilisés lors des célébrations traditionnellement fleuries : fête des mères, fête des pères, Toussaint ou encore Saint-Valentin.
Pour Mélany Rivière, cette vente en extérieur est nécessaire pour écouler le stock de fleurs, car si la boutique est ouverte, la vendeuse estime que les gens n'ont pas le réflexe de se rendre dans la zone industrielle pour en acheter. Et le muguet n'aime pas la chaleur.
À chacun sa technique pour la garder au frais car après la chambre froide à la sortie de la douane, l'attente en plein air (chaud) peut mettre à mal les clochettes blanches. Derrière l'un des stands, dans la cuve d'un pick-up, une glacière de gros volume permet de conserver les brins, pour un autre point de vente, et des seaux d'eau assurent la transition. Une petite fleur fragile et venue de loin dont la vente reste donc éphémère.