Le conseil municipal de Nouméa a acté un symbole fort de plus, mercredi 6 avril. A l'unanimité, ses élus ont confirmé par le vote le changement de la dénomination du square Olry. L'espace ombragé qui fait face à l'entrée de la mairie, au sud de la place des Cocotiers, deviendra la place de la Paix.
L'endroit va accueillir la statue en bronze réalisée par Fred Fichet pour immortaliser la poignée de main échangée par Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur, au sortir de la signature de l'accord de Matignon, le 26 juin 1988.
"Une logique que tout le monde comprend"
"Je crois qu'on va jusqu'au bout de la logique qui a consisté, à un moment, à faire que deux hommes se sont serrés la main alors qu'ils étaient d'opinions politiques tellement diverses. C'est un symbole de paix et, à la fois on leur devait ça", explique Sonia Lagarde, le maire, interrogée par nos confrères de RRB. "C'est s'inscrire pour demain réussir ensemble la paix et construire la Nouvelle-Calédonie. Cela découle d'une logique que tout le monde comprend."
Autre symbole fort, s'il en est, les conseillers municipaux ont également décidé, à la demande des deux conseillers indépendantistes de la liste Unité pays, que la plaque de la place soit traduite en langue nââ numèè, l'une des langues vernaculaires de l'aire Drubéa-Kapumë. La traduction validée par le sénat coutumier et l'Académie des langues kanak signifie très exactement "le lieu où l'on fait la paix".
"Un très beau symbole"
"C'est un très beau symbole : celui d'association des deux verbes. Le verbe français et le verbe de la culture kanak, puisque les deux peuvent parfaitement s'adjoindre. Pour les jeunes de ce pays, c'est réellement un bon symbole. Un symbole de paix, un symbole de rencontre, un symbole d'échange, un symbole d'avenir pour le destin commun et pour le futur de nos enfants. C'est vraiment une grande satisfaction", salue Joseph Boanemo, conseiller Unité pays, qui siège, depuis 2020, au conseil municipal de Nouméa, en compagnie de Laurie Humuni.
Ultime symbole, ce monument remplacera la statue du gouvernement Jean-Baptiste Léon Olry. Officier de marine française, ce dernier a occupé cette fonction de 1878 à 1880 et est principalement connu pour avoir réprimé la première révolte de 1878 menée par le grand chef Ataï. Démontée, cette œuvre du sculpteur Denys Puech, également auteur de la fontaine Céleste, a été déplacée dans les jardins du Musée de la ville, en juillet 2021.
Une sculpture en voie de finition, dans la Drôme
Cette démarche a été initiée, en octobre 2020, au lors de la première visite du ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu. Il y a quelques jours, nous avons diffusé un reportage réalisé dans un atelier de la Drôme, où la statue de la poignée de la main, le Monument pour la paix, est en cours de finition. L'ensemble doit être inauguré, le 26 juin prochain.
Retrouvez, ci-dessous, le reportage réalisé par Denis Rousseau Kaplan, d'Outre-mer La 1ere :