Nouméa fête ses 169 ans : de A à Z, sélection de moments clés de son histoire [1/2]

Nouméa en 1906.
Nouméa, autrefois baptisée Port-de-France, a officiellement été fondée le 25 juin 1854. L'anniversaire sera fêté ce dimanche soir, à Magenta, par un lâcher de lanternes. L'occasion de revenir sur l'histoire de la ville. De A à M pour commencer.

A comme âge  

Le 24 septembre 1853, l’amiral Febvrier-Despointes prend possession de la Nouvelle-Calédonie au nom de l'empereur Napoléon III. Le drapeau tricolore a été hissé à Balade, tout au Nord. Juin 1854. Après des mois de navigation le long des côtes, Tardy de Montravel et les passagers de La Constantine repèrent enfin un endroit suffisamment abrité pour installer un port : la presqu’île de Numea (de son nom indigène). Débute alors la construction du fort Constantine (à l’emplacement de l’ancien centre hospitalier), pièce maîtresse du poste militaire, qui sera baptisé Port-de-France. Date officielle de sa fondation : le 25 juin.

B comme bagnards 

Condamnés pour des crimes ou pour leurs opinions politiques, plus de 21 000 prisonniers français ont été déportés à l’île Nou entre 1864 et 1897. Ils ont construit le pénitencier et une bonne partie de la ville que l’on connaît aujourd’hui. Entre 1875 et 1877, ils sont réquisitionnés pour araser la butte Conneau, une colline située entre la baie de la Moselle et la rue de l’Alma, obstacle entre le port et ce qui, dans le plan Coffyn, premier plan d’urbanisme, doit devenir le centre-ville. L’édification des quais, de la cathédrale, de la gendarmerie, de la caserne militaire, des routes, d’un premier réseau d’eau potable, le remblaiement des marécages pour développer la colonie, c’est eux aussi. 

C comme Casey

Elle est la première femme dont la présence est attestée à Nouméa. Par des écrits, en l’occurrence ses souvenirs. Brigitte Casey est arrivée à la fin des années 1850 avec sa famille, des Irlandais qui s’étaient exilés en Australie pour fuir la famine. Elle raconte qu’ils ont mouillé au pied du fort et installé une tente près de ce qui est aujourd’hui le musée de la Seconde Guerre mondiale, rapporte l’historienne Christiane Terrier.  

D comme demi-lunes 

Routes, dancings, cinéma... Entre 1942 et 1945, la présence des troupes américaines va chambouler la physionomie de Nouméa et les modes de vie de ses habitants. Les demi-lunes en sont le symbole. Elles servent à abriter du matériel et des hommes dans les camps aménagés là où du foncier est disponible. L’un d’eux s’appellera le Receiving. Cinq cents officiers et 3 000 marins y seront logés. Au Motor Pool, 2 000 véhicules sont stockés dans d’autres demi-lunes. La guerre finie, ces dernières sont investies par des familles, souvent modestes, qui veulent tenter leur chance à Nouméa. Les noms des camps restent, ils deviendront ceux des quartiers qui ont poussé à la place. 

Le Receiving et l'Anse-Vata en 1954.

E comme école

La première école primaire de Nouméa ouvre en 1859, dans le centre-ville. 1862, première école privée pour les filles, et lancement, à la Baie-des-Pêcheurs, d'une école "indigène", où les fils de chef sont prioritaires. Elle ne dure que quelques années. En revanche, la première école communale, gratuite et laïque est restée. C’est même la plus ancienne encore en activité. Elle porte le nom de celui qui en est devenu le directeur, en 1883. Cent-quarante-ans après, Frédéric-Surleau - reconstruite entre-temps - scolarise environ 210 enfants. C’est à peine plus qu’à ses débuts, quand elle comptait 198 élèves, tous des garçons ! L’école communale des filles, elle, se dressait en 1891 là où se trouve l’hôtel de ville. Transférée à la Vallée-du-Génie, elle est devenue l’actuelle école Suzanne-Russier, également nommée d’après sa première directrice. 

L'école Saint-Jospeh-de-Cluny, ouverte par les soeurs de Cluny.

F comme fermes  

Difficile à imaginer aujourd’hui mais il y avait des fermes à Nouméa. Les grands-parents de l’historienne Christiane Terrier avaient par exemple un élevage de vaches laitières à la Vallée-des-Colons. Jeune, son père assurait encore des livraisons de lait. La maison Olhen, au 6e-Km, est un autre témoignage. Elle a été construite sur un domaine de 70 hectares que le gouvernement colonial avait vendu à Alphonse Bourgoin, en 1859, pour y développer de l’élevage. Il y avait alors déjà d’autres fermes à la périphérie du fort puisqu’en 1856 sont rapportés les assassinats de quatre agriculteurs de la Vallée-des-Colons. Jean Creugnet raconte également qu’entre 1856 et 1858, la propriété de ses ancêtres, à Portes-de-Fer, a fait l’objet de pillages lors des attaques du fort par les tribus kanak.  

G comme grippe espagnole 

En juillet 1921, la Nouvelle-Calédonie est le dernier territoire du monde à connaître une épidémie de grippe espagnole. Jusque-là épargnée, la population a certainement été contaminée par les passagers d’un bateau venu de Sydney. Les “vapeurs” auraient également importé le bacille mortel de la peste à plusieurs reprises entre 1899 et 1917. En première ligne, pour isoler les “pestiférés” et traquer les rats, les forçats. 

H comme hydravions 

À partir de 1940, de gros hydravions de la Pan Am et de Qantas commencent à amerrir dans la grande rade de Nouméa. À leur bord, des touristes. Dans les appareils qui viennent de Sydney et font escale à Brisbane, il y a des couchettes où ils peuvent se reposer avant de partir à la découverte de la ville. Les derniers libérés leur font notamment visiter les vestiges du bagne, tout proches. 

Départ pour Sydney depuis la grande rade de Nouméa en 1953.

I comme îlots

L’îlot Amédée voit son phare s’allumer pour la première fois le 15 novembre 1865 - le jour de la sainte Eugénie, en hommage à l’impératrice épouse de Napoléon III. L’ouvrage, haut de 55 mètres, est le premier phare métallique de France. Il a été commandé pour prévenir les nombreux naufrages à l’entrée dans le lagon. Monté à Paris, démonté, transporté et remonté, il est éclairé à ses débuts par une lampe à huile de colza. Nouméa en compte bien d’autres, des îlots, appréciés des plaisanciers et des touristes. Pour rester dans le thème, l’îlot Signal porte ce nom parce qu’il y a été construit le premier repère maritime. Le plus grand en superficie étant l’îlot Sainte-Marie, puisque l’île Nou est devenue une presqu’île artificielle. 

J comme James Paddon 

L’anse Paddon, en face de l’université, doit son nom à James Paddon, un marin et commerçant anglais passé par les Nouvelles-Hébrides.  En 1851, après avoir découvert une source d’eau douce sur l’île Nou, il décide d’y installer un comptoir. Il achète la terre au chef Kuindo et développe un commerce de santal, de biches de mer et d’huile de coco.  Quand Tardy de Montravel arrive, James Paddon emploie près de 300 hommes, blancs et indigènes, pour le commerce, la réparation de bateaux et un peu d’élevage.  

K comme kilomètre

PK4, PK6 et PK7, alias les 4e, 6e et 7e-Km… Trois quartiers de Nouméa ont pour nom un kilométrage. Il fait référence au point 0 des routes calédoniennes, point géodésique matérialisé par la fontaine Céleste, sur la place des Cocotiers. Le 4e Km, c’est aussi le cimetière de Nouméa, transféré en 1873 depuis la Vallée-du-Tir. Le 5e Km, en revanche, ne fait plus partie des quartiers de la ville. Il ne désigne que le cimetière aménagé au milieu du XXe siècle et aujourd’hui situé… au 6e.

L comme libre circulation 

En 1887, un décret interdit la libre circulation des Mélanésiens sans contrat de travail, les arcs, les lances, les casse-têtes, le bagayou ou encore la nudité à Nouméa. Des régimes spéciaux seront ensuite appliqués aux engagés venus du Japon ou encore d’Indonésie pour travailler dans les mines. Ils ne seront levés qu’en 1946. La population de Nouméa commence alors à se diversifier.  

M comme maires 

C’est en 1859 que Port-de-France devient une commune. Une délimitation géographique est fixée, jusqu’au Pont-des-Français, et un conseil municipal créé. Premier maire : Victor Coudelou. Pharmacien de profession, arrivé en Nouvelle-Calédonie comme officier de santé pour l’armée, nommé maire par le gouverneur, il ne reste qu’un peu plus d’un an en fonction. Le conseil municipal est dissous pour cause... de difficultés financières. La ville restera sans pendant quatorze ans, Arthur Pelletier n’étant nommé qu’en 1874.

Le premier maire élu sera Eugène Porcheron, en 1882. L’éleveur décède à peine un an après. Entre 1859 et 1947, 22 maires se sont succédé, certains avec des mandats de quelques mois, comme Arthur Porcheron. Depuis 1947, en revanche, il y en a eu seulement quatre ! Le record revenant à Roger Laroque, resté trente-deux ans au pouvoir.