PORTRAIT. Thomas Turmel, premier Calédonien sélectionné en finale des mondiaux de CrossFit aux Etats-Unis

Pendant que les copains profitent des vacances à chiller sur les baies de Nouméa, Thomas Turmel, 17 ans, se plie à une discipline de fer, dans la box de Coconut de Ouémo. "C’est comme ça qu’on appelle les salles de CrossFit", précise le lycéen.

La principale échéance à laquelle se prépare l’élève de terminale scientifique, ce n’est pas le Bac, mais les CrossFit Games, une sorte de championnat du monde de CrossFit, qui débutent le 30 août pour les moins de 18 ans, dans la ville de Three Rivers, à mi-chemin entre Chicago et Détroit, au Nord-Est des Etats-Unis.

Un sport multidisciplinaire

"C’est ma première compétition internationale en présentiel, signale Thomas Turmel, qui a commencé le CrossFit à l'âge de 12 ans seulement. Depuis tout jeune, je m’entraîne avec des adultes car c’est un sport que pratiquent surtout les vingt ans et plus."

C’est grâce à son grand frère que Thomas découvre  le CrossFit. Un sport multidisciplinaire, qui allie gymnastique, haltérophilie ou encore course à pied, et qui connaît depuis quelques années un succès planétaire. "Tout jeune, j’étais un petit peu rondouillard. Un été, j’ai décidé de changer de corps. Je faisais du sport à outrance dans ma chambre et j'ai arrêté de m’alimenter. Je suis tombé à la limite de l’anorexie. Et c’est mon frère qui m’a convaincu de me mettre à un sport pour remanger, m’épanouir et rencontrer des gens."

Je me sens mieux dans ma peau et ça apporte de la confiance en soi.

Thomas Turmel, athlète de CrossFit

Un CrossFit Games spécial "ados"

Dès sa première séance, c’est la "révélation". "Je n’avais jamais fait de sport avant. C’est vraiment la chose la plus dure que j’avais jamais faite de ma vie. Et je voulais me prouver que j’allais pas lâcher."

La persévérance a fini par payer. "Je me sens beaucoup mieux dans ma peau, ça apporte de la confiance en soi. Je sais de quoi je suis capable maintenant : toutes les épreuves, au niveau mental, je suis prêt à les affronter. Quant à mon rapport au corps, je ne le vois plus comme de l’esthétique, je travaille pour être plus performant."

Avec l'aide de son coach Damien Daver, il décide de tenter sa chance en s'inscrivant à la première édition des CrossFit Games spécialement dédiés aux adolescents, malgré les obstacles. "Je ne pouvais pas avoir d’horaires  aménagés au lycée car il n’y a pas de fédération dans mon sport. Donc tous les soirs, après les cours, je m’entraînais jusqu’à la fermeture à 20 h, à raison de deux à trois heures par séance."

Trois Français en lice

Et ça marche. Thomas Turmel passe toutes les phases de qualification à distance et se retrouve sélectionné pour les finales des CrossFit Games des moins de 18 ans, qui se dérouleront dans quelques jours dans le Michigan. "C'est la première fois qu'un Calédonien participe aux CrossFit Games et c'est aussi une première pour des Français d'être qualifiés pour la version "ados" de ces Mondiaux. On sera trois Français sur la trentaine de finalistes de notre catégorie."

 Cent vingt jeunes, répartis en quatre catégories (14-15 ans et 16-17 ans, filles et garçons) "prendront le floor" pendant ces trois jours de compétition. Parmi les épreuves prévues au programme, la natation a été retirée de la liste, après le décès tragique d'un athlète serbe, pendant qu'il nageait aux CrossFit Games adultes, le 8 août. Sa disparition a profondément secoué la communauté. "Lazar Dukic était "très prometteur", c'était l’un des plus forts d'Europe. Il a fait une crise cardiaque, à 100 mètres de l’arrivée."

On est tous fiers de lui. Cette qualification, c'est unique !

Solène Kauffmann, coach et cogérante de Coconut Crossfit.

Qualifié au tout début des émeutes

Le lycéen a bien failli ne pas décrocher son sésame pour les CrossFit Games. "Les demi-finales se sont terminées le 13 mai, le jour où ont éclaté les émeutes en Nouvelle-Calédonie. J'ai eu de la chance que les qualifications ne soient pas tombées après, car tout aurait été fermé ici et on aurait pas pu passer les épreuves en visio. Et puis, je passais une partie de mes nuits sur les barrages à ne pas dormir. On vivait dans la peur. Heureusement, on peut dire que le timing a été le bon."

Thomas Turmel a pu financer en partie son voyage grâce à une cagnotte en ligne, à laquelle ont participé les membres de sa salle de sport. "On est tous fiers de lui. Cette qualification, c'est unique !, se réjouit Solène Kauffmann, coach et cogérante de Coconut Crossfit. Thomas s'entraîne dans cette "box"depuis plusieurs années. Sa motivation ne l'a jamais quitté. Beaucoup de gens sont impressionnés par son investissement."

Cette demi-lune, héritée de la Seconde guerre mondiale, est devenue aujourd'hui sa "deuxième maison" et le CrossFit, "une philosophie de vie". "On rencontre toujours des épreuves mais on apprend à se relever."

Le reportage télé à découvrir ce vendredi soir à 19 h 30 sur NC la 1ère.

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