Les rouleurs en colère interpellent les concessionnaires

Les camions de roulage ont notamment été disposés devant la société Almameto.
Des dizaines de rouleurs sur mine ont garé leurs camions tôt ce mardi matin à Nouméa, devant les concessions automobiles où ils pourraient rester toute la semaine. Enjeu de la mobilisation: la charge autorisée dans les bennes, sur fond de réglementation et de mise en conformité du roulage. 
Mécontents, disent-ils, ils ont ramené leur véhicule au vendeur. Sauf qu'il ne s'agit pas d'une petite citadine, mais de poids lourds. Des dizaines de poids-lourds garés, ce mardi matin, devant des concessions automobiles par les rouleurs du Contrakmine. Estimés par leur syndicat à près de 200 rouleurs et 350 entreprises mobilisées, ils demandent une dérogation sur le tonnage prévu par les constructeurs.
Le reportage de Thierry Rigoureau et Michel Bouilliez.
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«Quand on se dit concessionnaire, vendeur de camion, on doit connaître la capacité du véhicule qu'on vend.»


«Vendus de façon plus ou moins mensongère»

Selon Max Foucher, la question qui se pose est celle de la rentabilité des camions. «Toutes les entreprises du Contrakmine, assène son président, ont investi dans un type de camions vendus de façon plus ou moins mensongère. Les entreprises se sont basées sur une rentabilité de trente tonnes. Aujourd'hui, c'est plus trente tonnes. Quand on découvre que les fiches techniques du constructeur nous disent qu'on doit rouler à 21 tonnes, ça fait plus de 30% de pertes.»


«On ne se retrouve plus»

Et d'ajouter: «Je pense que les entreprises n'ont pas trente-six solutions: continuer à mourir [chacune] dans leur coin ou alors prendre des véhicules, les ramener au concessionnaire.» «Depuis plus de trente ans, on a roulé comme ça: avec un tonnage de trente tonnes pour les douze-roues, de 25 et 26 tonnes pour les dix-roues. Aujourd'hui, le problème, c'est qu'on ne se retrouve plus par rapport au tonnage indiqué, par rapport au prix, par rapport à la conjoncture», assure Julien Meureureu, rouleur de Poya.
Ecoutez ses propos recueillis par Martine Nollet.

«Nous avons vendu des camions suivant les règles en vigueur sur le territoire.»


Rencontre ce mardi matin entre rouleurs et représentants des concessionnaires.

Rencontre

Rouleurs et concessionnaires se sont rencontrés ce matin. «On sait qu'il y a un mécontentement des transporteurs sur leur capacité de chargement», posait avant cette réunion Patrick Dechanet, nouveau directeur de la société Almameto.


«Il va falloir négocier avec le gouvernement»

Et d'argumenter alors: «Nous avons vendu des camions suivant les règles en vigueur sur le territoire. On écoute leurs demandes et on va leur répondre. En tout cas, ils demandent à pouvoir charger plus. Aujourd'hui, le code de la route interdit certaines surcharges. Il va falloir négocier avec le gouvernement pour savoir s'il est possible de rouler, sur certaines pistes privées ou sur des chemins publics, avec des surcharges non prévues par le code de la route.»


Ultimatum

Depuis la fin de cette réunion, aucun commentaire de la part des concessionnaires. Les rouleurs du Contrakmine leur ont donné jusqu’à vendredi pour obtenir une garantie des constructeurs qui autorise une charge plus élevée de leurs camions. Et en attendant, ont-ils annoncé, ils resteront devant les locaux commerciaux des principaux concessionnaires de véhicules professionnels. Pendant ce temps, les camions ne roulent plus sur les sites miniers et le minerai n’est pas chargé.


Accident

Ce rapport de force se déroule sur fond de règlementation et de mise en conformité du roulage sur mine, alors qu'un accident mortel est survenu en décembre 2017 sur le site de l'Etoile du Nord. Mise en contexte avec ce reportage de Bernard Lassauce diffusé en avril 2018.
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A retrouver au JT de 19h30.