Dengue : selon le programme Wolbachia, à Nouméa, 70 % des moustiques "aedes aegypti" portent la bactérie

Le bilan du programme Wolbachia sur Nouméa a été présenté à l'hôtel de ville mercredi 4 août.
Le virus de la dengue est-il en chute libre depuis le lancement du World mosquito program, il y a trois ans, à Nouméa ? Oui, répondent les acteurs de ce projet, qui en ont dressé le bilan mercredi, à la mairie. Voici ce qu'on peut en retenir.

Pour ses différents acteurs, le programme Wolbachia à Nouméa "arrive à terme avec succès". Son bilan a été présenté  depuis l'hôtel de ville, mercredi 4 août. Plus de trois ans après la signature d'une convention entre la mairie, le gouvernement, l'Institut Pasteur et l'université australienne de Monash.

Avec cet enjeu de santé publique : "éradiquer la dengue par l’introduction de la bactérie Wolbachia dans la population des moustiques vecteurs de la maladie". NC la 1ere résume les grandes lignes de ce bilan.

  • Une bactérie bien établie

Les relevés effectués en juillet 2021 mènent à cette estimation : en moyenne, 70 % des moustiques aedes aegypti présents à Nouméa seraient porteurs de la Wolbachia. La fameuse bactérie empêchant la transmission des arboviroses que sont la dengue, le zika et le chikungunya. "L'installation est un succès", estime donc Nadège Rossi, cheffe de projet locale pour le World mosquito program

  • 72 semaines de lâchers

La cérémonie du premier lâcher de moustiques porteurs a eu lieu place des Cocotiers il y a deux ans, en juillet 2019. Les lâchers de moustiques adultes se sont terminés en juin 2021. De mi-décembre 2020 à juin 2021, ce sont des œufs qui ont été déposés. En tout, le programme estime que douze millions de moustique porteurs ont été relâchés.

Le coût, lui, est évalué à 4 500 F par Nouméen, ou pour le dire autrement à 430 millions de francs en comptant la mise à disposition de matériel existant et de personnels. Le bilan met ce chiffre dos à dos avec le coût d’une épidémie de dengue : une étude de la DASS a estimé celle de 2012-2013 à 1,6 milliard.

  • Des variations par quartier

La partie Est de la capitale affiche de meilleurs résultats : la Wolbachia est jugée installée à plus de 70 %. Cela concerne par exemple Rivière-Salée, Magenta, la Vallée-des-Colons, le Faubourg-Blanchot ou encore Val-Plaisance.

Du centre-ville aux quartiers Sud, des résultats approchant sont espérés à court terme. On parle de la Vallée-du-Génie, du Quartier-Latin, de l'Artillerie, l'Orphelinat, le Receiving, la Baie-des-Citrons et l'Anse-Vata. Sur Nouville et la presqu'île de Ducos, on s'attend à plus de temps. Idem pour la Vallée-du-Tir et Montravel.

Le bilan résume : "Quelques mois seront encore nécessaires pour que la proportion de moustiques Wolbachia devienne optimale dans les quartiers dans lesquels la densité de moustique est naturellement forte".

  • Des cas en recul

Le nombre de cas de dengue enregistrés est passé de presque quatre mille en 2019 à moins de 200 sur les deux dernières années. Concernant la ville de Nouméa, il y a eu 52 cas recensés du 1er janvier au 28 juillet 2021, alors qu'ils dépassaient les 1 500 par an en début de programme. En 2019, Nouméa a déploré un décès et au moins 1 324 malades.

  • Encore difficile à évaluer

Des constats encourageants. Mais pour autant, il reste difficile d'évaluer l’impact de cette méthode sur l’évolution et la dynamique de la dengue. "Aujourd’hui, nous avons des conditions particulières, de fermetures des frontières, qui font que nous n’avons pas de nouvelle entrée de stéréotypes de dengue", rappelle Nadège Rossi. C'est toujours la dengue de type 2 qui domine et la population commence à y être immunisée. 

  • Bientôt Dumbéa et le Mont-Dore ?

Et après ? "Nous prévoyons de nous étendre sur les communes de Dumbéa et [du] Mont-Dore, sur les quartier s les plus denses en population dans un premier temps. Nous espérons commencer dès la fin de l’année."

  • Gardez les bons gestes !

Malgré ces données plutôt positives, n'oublions pas les bons réflexes : on détruit les gites larvaires, on se protège des piqûres (encore plus si on attrape la dengue) et on consulte dès l'apparition des symptômes.