A la barre, un homme discret. Un trentenaire complexé par son physique. Célibataire et sans enfant, il est décrit par l’expert psychiatre comme une personne immature et inhibée, souffrant de compulsion névrotique mais sans danger. Du 28 octobre 2020 au 30 mai 2021, cet ingénieur, fonctionnaire de la province Sud, échange de façon régulière avec une jeune fille de treize ans sur un réseau social. Des communications enregistrées par l’association Truly, représentée par SOS Violences, qui se porte partie civile.
Il faut arrêter de croire que sur internet, on est dans un monde virtuel. Derrière, il y a de vrais gens. Là, en l’espèce et heureusement, on n’a pas une petite fille qui a subi les images et les agressions de cette personne. Mais dans la réalité, il y en a, tous les jours.
Me Laure Chatain, avocate de la partie civile
La défense voit "une incitation à commettre une infraction"
En l’absence de maître Martin Calmet, le prévenu est représenté par une autre avocate. Malgré nos sollicitations, personne ne souhaite s’exprimer. Dans sa plaidoirie, maître Juliette Tastet dénonce le travail effectué par l’association Truly, "comme une incitation à commettre une infraction". Pour traquer des pédocriminels, l’association se fait passer pour des filles mineures. Les victimes sont donc fictives. Une action citoyenne reconnue par le ministère public.
Inscrit au Fijais
Après délibéré, le prévenu est reconnu coupable de propositions sexuelles faites à un mineur. Il est condamné à un an de prison avec un sursis probatoire de deux années assorti d’une obligation de soins. Inscrit au Fijais, le fichier des auteurs d’infractions sexuelles, il lui est interdit d’exercer des activités professionnelles ou bénévoles en relation avec des mineurs.
Réaction de la province Sud
Via un communiqué, la province Sud "précise que cet agent, chargé d’entretiens en extérieur, n’a jamais été au contact du public". Et que les faits en question ont été "commis en dehors de son temps de travail". L’institution explique qu’en fonction de la décision prise par la justice, elle tirera les conséquences à l’égard du statut de son employé, et de l’accomplissement des fonctions de cet agent.
Un compte-rendu de Natacha Lassauce-Cognard et Louis Perin: