Depuis quelques années en Europe, face à la recrudescence des actes pédophiles sur le Net, des internautes ont décidé de partir en guerre contre les pervers sexuels qui œuvrent sur les réseaux sociaux. En Nouvelle-Calédonie, depuis près d'un an, le collectif "Truly" tente de les surveiller.
Depuis trois ans, Brad, qui témoigne de manière anonyme, traque les pédophiles sur internet. Derrière son ordinateur portable, il prend l'identité d'une fillette, entre 13 et 15 ans. Son profil fictif sur un réseau social est visité par des hommes de tout âge. "Celui-ci c'est un local, l'autre est un retraité qui habite dans le Nord-est de la France. Un photographe de mode, le patron d'une grosse entreprise en métropole, on a vraiment toutes les catégories sociales."
Ils vont plus aller dans l'affectif pour essayer d'amadouer l'enfant au maximum.
Brad a créé le collectif Truly et sa plateforme en septembre 2020. Il suit un millier d'hommes au niveau local et national. Ces hommes lui envoient des messages très explicites. "On a vraiment deux catégories qui ressortent du lot. Des profils jeunes, entre 20 et 40 ans, en règle générale ils vont aller assez vite. Dès les premiers échanges on va voir de la diffusion d'images porngraphiques voire pédo-pornographiques. Après on a des profils plus âgés, la tranche 50 ans, 60 ans ou plus. Ils vont plus aller dans l'affectif pour essayer d'amadouer l'enfant au maximum."
Dans son combat, Brad a été rejoint par une dizaine de Calédoniens. Son collectif recense vingt procédures judiciaires en cours. Trois Calédoniens ont déjà été jugés et condamnés pour proposition sexuelle à un mineur de moins de 15 ans. "On a un protocole qui est très strict, on fait un gros travail d'enquête. A la moindre erreur de procédure, le dossier tombe à l'eau. On ne peut pas se permettre d'inciter ou d'inviter les gens, on les laisse venir à nous."
120 à 130 nouvelles victimes d'agression sexuelle chaque année
L'association SOS violences soutient le collectif Truly, elle se porte partie civile pour chaque affaire jugée par le tribunal correctionnel. "Il est important qu'on acte l'importance qu'on accorde à ce problème, détaille Anne-Marie Mestre, présidente de l'association. Il important également d'informer la société du rôle totalement néfaste d'internet et des réseaux sociaux et des prédateurs qui sévissent par ce biais-là."
Chaque année dans le pays, l'association SOS Violences compte 120 à 130 nouvelles victimes d'agression sexuelle. 66% d'entre elles sont mineures. Pour rappel, toute proposition sexuelle à un mineur de moins de 15 ans est passible d'une à deux années d'emprisonnement.
Le reportage de Natacha Lassauce-Cognard et Gaël Detcheverry :