Un regroupement sous haute surveillance policière. Ce jeudi 13 février, au matin, quelques dizaines de personnes se mobilisent dans le centre-ville de Nouméa, aux abords du haut-commissariat. Et ce, malgré l’interdiction des rassemblements, défilés, manifestations et cortèges sur la voie publique, que le haussariat a rappelée la veille.
Reçus par les services de l’Etat
Les manifestants répondent à l’appel du collectif “Urgence sociale rentrée 2025”, Dans leur collimateur, la fermeture du collège de Rivière-Salée, et un durcissement des règles d’accès aux aides et aux services publics de la province Sud. Après une heure d’échange avec la directrice de cabinet du haut-commissaire Louis Le Franc, le collectif se dit déçu.
“Une atteinte au droit à l’éducation”
“Pour nous, quand même, il y a une atteinte au droit à l’éducation caractérisée”, insiste Jean-France Toutikian, secrétaire de l’UGPE, Union des groupements de parents d’élèves. "Quand on demande dix ans de résidence dans un endroit pour bénéficier d’une bourse… Ça n’existe nulle part sur le territoire national français. On ne comprend pas que le haussariat laisse faire ce genre de choses, alors qu’ils sont censés appliquer un contrôle de légalité.”
Ce même jeudi matin, l’assemblée provinciale Sud est réunie à quelques encablures. Les élus doivent notamment se pencher sur les bourses de l’enseignement pour le premier et le second degrés. Avant l’examen du texte, l’exécutif répond à ces attaques. En indiquant que tous les budgets sont affectés par la baisse de 30 % des recettes fiscales.
Réponse à “ceux qui veulent ethniser la baisse des bourses”
“Comme en province Nord, nous avons supprimé l’aide à la rentrée, souligne le deuxième vice-président. Oui, nous avons dû baisser le niveau de nos bourses notamment l’aide à la cantine, qui est passée de 700 F par repas à 600 F. Et ceux qui veulent ethniser la baisse des bourses, lance Gil Brial, oublient de citer toutes les autres baisses qui ne concernent pas prioritairement les populations océaniennes. Quand dans notre budget, nous baissons de 52 % les aides pour le soutien de l’économie, ces aides à la création d’entreprises, aides à l’innovation, aides à l’embauche, on n’entend pas le collectif d’urgence sociale.”
"Culot et lâcheté"
Devant l’assemblée, l’élu dénonce une campagne de désinformation, voire de déstabilisation. “Leur culot et leur lâcheté [sont] à vomir, prononce-t-il. Leur lâcheté de se faire passer pour un collectif apolitique, alors qu’ils sont exactement le contraire. Et le culot de faire croire aux familles en détresse qu’ils sont leur sauveur, tout en oubliant le soutien a minima qu’ils ont apporté à la CCAT, au pire leur participation dans les actions.”
"Un mouvement social et humanitaire"
Réponse du collectif ? “C’est avant tout un mouvement social et humanitaire, rétorque Jean-France Toutikian. On aimerait que M. Gil Brial et Mme Backès, la présidente de la province Sud, peut-être viennent avec nous au local de l’UGPE. Passent une ou deux heure(s) à écouter les parents. Ou que ces personnes viennent à l’aide médicale. Et qu’ils se rendent compte du désarroi des parents.” Le collectif assure rester mobilisé contre ce qu’il qualifie de “bombe sociale”. Il espère être reçu par le ministre des Outre-mer lors de son séjour imminent en Nouvelle-Calédonie.
Ci-dessus le reportage de Caroline Antic-Martin, Gaël Detcheverry et Claude Lindor