Les coupes étaient annoncées, les voilà actées. Ce jeudi matin, à Nouméa, les élus du Sud ont voté “l’adaptation de la gamme des bourses et aides scolaires provinciales, suite à l’effondrement des moyens financiers de la collectivité, conséquemment à la crise insurrectionnelle de 2024”.
Les aides supprimées
- L’aide à la rentrée scolaire disparaît. Elle concernait 9 159 élèves et a coûté 114,5 millions de francs CFP, en 2024.
- Fini également, l’aide au transport journalier en bus (2 065 bénéficiaires pour 62,15 millions, en 2024).
- L’aide au transport périodique, pour les internes rentrant chez eux aux vacances, s’arrête aussi (153 enfants et cinq millions).
Soit une économie totale d’environ 180 millions.
Moins 100 F pour la bourse de demi-pension
L’aide au repas des élèves boursiers (10 217 élèves concernés) est maintenue. Mais elle diminue de 100 francs par repas. Conséquence, la bourse de demi-pension passera de 55 965 francs en 2024 à 37 520 francs cette année.
Un poste rogné de 34 %
Au total, l'économie réalisée par la province Sud sur ces différentes mesures est estimée à 365,81 millions de francs. Au prix d’une baisse de 34 % : 675 millions ont été inscrits au budget primitif 2025, contre un peu plus d'un milliard au budget 2024.
Les réactions
Des décisions qui ont essuyé un feu de critique, côté opposition. Mais qui se justifient, défend la majorité.
- “[Elles] se justifient et [elles] tiennent compte, surtout, de la réalité dans laquelle se trouve aujourd’hui la province Sud”, répète Naïa Wateou pour le groupe Avenir en confiance. "Il a fallu réévaluer, il a fallu revoir, mais on tenait quand même à accompagner les jeunes dans le cadre de cette rentrée, d’où les décisions prises aujourd’hui."
- “C’est un effort qui est beaucoup plus important que la baisse du budget. Le poste diminue d’un tiers. Alors que le budget diminue, mais de 10 %. Et si on regarde les postes de dépenses, il diminue dans tous les autres secteurs d’environ 20 à 22 %”, alerte en revanche Philippe Dunoyer, de Calédonie ensemble.
- “Nous, nous estimons que ça va ne faire qu’aggraver le malaise social”, prévient Vaimu’a Muliava, de l’Eveil océanien. "Cela ne participera qu’à entretenir la violence silencieuse, foyer de la violence que nous avons connue. (...) Nous avons toujours été opposés à creuser ces fossés entre les Calédoniens et cette politique est le meilleur moyen d’enterrer les liens sociaux qui ont été tissés durant des décennies et de revivre d’autres 13 mai…", estime le parti dans un communiqué de presse.
- “Nous avons voté contre. Nous l’avons fait au mois de juillet, sur les premières mesures et sur celles-ci, nous ne sommes pas d’accord”, explique Ithupane Tieoue, pour le groupe FLNKS Sud. “Nous avons estimé qu’il y avait d’autres lignes budgétaires où on pouvait faire le prélèvement des 300 millions.”
Derrière l'extension de "Click and mouv"…
Autre mesure polémique au programme de cette séance publique, l’extension du dispositif Click and mouv, lancé début 2023. Destiné jusqu’ici aux 11-17 ans, il est élargi aux 5-10 ans. Sauf qu’au passage, le dispositif Vacances pour tous réservé aux boursiers passe à la trappe. En vigueur depuis seize ans, il est suspendu pour deux ans.
…la suspension de "Vacances pour tous"
“Que Click and mouv accueille plus d’enfants, c’est très bien, pondère Philippe Dunoyer (CE). Mais la disparition, la suppression, du mécanisme du dispositif Vacances pour tous, c’est-à-dire l’accompagnement financier des familles qui placent leurs enfants en centre de vacances et en centre de loisirs, c’est une mauvaise nouvelle.”
Gil Brial (AEC) voit les choses tout autrement : “Ce dispositif est pour nous important. Il est facile à gérer, il est facilement accessible pour les parents et ça reste un bon dispositif pour la lutte contre l’insécurité.”
Les parents d'enfants boursiers, eux, risquent de ne pas s’y retrouver. Click and mouv est un forfait de 12 000 à 15 000 francs par an, en fonction de l’âge de l’enfant. Contre 12 000 francs à chaque congé scolaires, avec Vacances pour tous.