"On a parfois des demandes qui font mal au cœur" : avec la crise, les bénévoles aident de plus en plus de familles en détresse

La solidarité pour venir en aide aux plus vulnérables, à Rivière Salée.
Alors que la Nouvelle-Calédonie s'enfonce dans la crise économique post-émeutes 2024, les familles les plus modestes se retrouvent en première ligne. Perte d’emploi, fin des aides pour les travailleurs indépendants, hausse des prix à la consommation… Pour beaucoup, la situation devient critique.

Depuis mai 2024, un salarié sur cinq a perdu tout ou une partie de ses revenus, selon l’Institut de la statistique et des études économiques de Nouvelle-Calédonie (ISEE-NC). Si la situation économique reste fragile pour l’ensemble de la population, ce sont les familles les plus modestes qui sont aujourd’hui les plus touchées.

Chômage et inflation : un cocktail délétère

Le chômage reste élevé, avec 5 850 personnes encore inscrites au chômage total en début d’année, et plus de 5 000 autres sont exclues des dispositifs d’aide. À cela s’ajoute la hausse des prix à la consommation, qui atteint le mois dernier +3,4 % sur un an pour les ménages modestes, contre +2 % pour l’ensemble de la population. Principale conséquence, de plus en plus de familles sollicitent de l’aide auprès des associations.

C’est ce que constate Francis Maluia, président de l’association Solidarité RS. "Sur une vingtaine de familles qui vient, on a au moins douze ou treize nouvelles familles qui viennent s’identifier. Les besoins pour ces familles, c’est bien entendu de se nourrir. On a parfois des demandes qui sont fortes et qui font mal  au coeur, celles de familles qui cherchent un toit." Et de citer le cas d'une maman qui vit dans sa voiture avec ses deux enfants en bas âge. "Elle a été expulsée en décembre. Elle avait un petit commerce qu’elle a perdu". 

De nouveaux bénéficiaires au profil inhabituel

Le constat est le même pour le Secours Catholique. Le nombre de ses bénéficiaires augmente sans discontinuer depuis plusieurs mois. L'association, qui travaille en partenariat avec les assistantes sociales a ainsi aidé "61 foyers en janvier-février 2024, pour une valorisation de 440 000 francs, explique Brigitte Bonnefis, trésorière du Secours Catholique. En janvier février 2025, on est passé à 172 foyers pour 1 385 000 francs." Ces nouvelles demandes sont faites souvent par des personnes auparavant inconnues du Secours Catholique mais qui ont perdu leur emploi. Les anciens salariés du secteur minier, par exemple, sont de plus en plus nombreux.

Pour tous, les aides sont variées. "C’est principalement une aide alimentaire, détaille Brigitte Bonnefis, mais c’est aussi une aide pour des vêtements, pour avoir du mobilier et quelques fois, des aides financières pour pouvoir régler des factures d’électricité, d’eau ou de loyer". 

Le reportage de Marguerite Poignoune :