VIDÉO. Camp-Est : malgré l'alerte donnée fin 2019, les conditions de détention sont toujours indignes

Malgré les manquements signalés par la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté en 2020, le centre pénitentiaire de Nouméa est toujours surpeuplé en 2023. ©nouvellecaledonie
Il y a tout juste trois ans, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté ordonnait des mesures en urgence pour mettre fin aux conditions indignes de détention et à la surpopulation carcérale. Trois ans plus tard, des travaux ont certes été entrepris, mais les conditions de détention sont toujours aussi difficiles. La prison reste surpeuplée.

Dans une cellule prévue pour deux, quatre hommes enfermés 22 heures sur 24 dans 9 m2. La situation est explosive. "On vit dans des conditions indignes", lâche un détenu. "C’est inadmissible, c’est inacceptable, c’est invivable, déplore un autre. Les psychiatres, les addictologues ne font rien pour nous aider à nous en sortir et nous préparer à la réinsertion. On se plaint de ça. Même les gardiens, les chefs ferment les yeux ici."  

 610 détenus pour 410 places, le Camp-Est est plein à craquer. En visite dans l’établissement, le député Nicolas Metzdorf ne peut que constater les conditions de détention. "Cette prison produit deux problèmes : elle est trop petite pour accueillir tous les délinquants de Nouvelle-Calédonie et les conditions de détention ne permettent pas une réinsertion des détenus, estime-t-il. Une fois que vous passez en cellule au Camp-Est, vous ressortez et vous êtes encore plus perdus qu’auparavant."

Accepter l'inacceptable 

Chaleur accablante à l’extérieur comme à l’intérieur, promiscuité : le Camp-Est a été épinglé en 2019 par le contrôleur des lieux de privation de liberté. Parmi les manquements relevés : "l’aération est insuffisante et la ventilation impossible, la température est insupportable au plus fort de l’été. Il est inacceptable que la situation du centre pénitentiaire de Nouméa perdure dans l’indifférence générale. Le fragile équilibre global n’est assuré que parce que détenus comme professionnels acceptent l’inacceptable."

Accepté, non sans difficulté, comme en témoigne un ancien détenu : "Je l’ai mal vécu. Je me prenais la tête avec mes collègues de cellule. Comme je dormais par terre, je gênais le passage quand ils allaient aux toilettes. Ce sont des cellules prévues pour deux personnes, mais il y en a qui sont entassés à quatre. Certains dorment à même le sol. Il y a des cafards, des rats, des toilettes qui fuient. Les douches sont mal faites. Il fait chaud, il y a de la poussière dans les cellules. Il y en a qui pètent un câble, qui cassent tout. Il y en a qui n’arrivent pas à dormir. Après, ils sont obligés de prendre des cachets, ils sont mal."

Pointé du doigt dans le rapport, le quartier des mineurs a été rénové. Mais si la rénovation globale des cellules est dans les cartons, elle se fait toujours attendre. Elle ne réglera pas le problème de surpopulation. 

Invitée de notre journaliste Laurence Pourtau lors du journal télévisé du 1er février, Marie-Katell Kaigre, avocate, représentante de l’Observatoire international des prisons, revient sur les conditions de détention au Camp-Est. 

©nouvellecaledonie