Réunion au boulodrome de Kaméré, ce samedi matin. Elle était organisée par cette nouvelle association qui a voté son bureau une semaine plus tôt. "La petite école de Kaméré" réunit plusieurs dizaines de parents qui veulent offrir aux enfants du quartier une solution provisoire en attendant leur retour en classe. Depuis sept semaines, les élèves de maternelles et du primaire n’ont plus accès à leur établissement scolaire respectif, qui a été incendié ou vandalisé.
"Ma petite sœur est traumatisée"
Alphonse Qaeze a participé à la réunion. Sa sœur n'a pas pu retourner à la maternelle Les Orchidées. "Elle n’a pas été brûlée mais elle a été saccagée et c’est ce qui nous empêche de mettre ma petite sœur à l’école." Mais pas seulement. "Aujourd’hui, j’ai peur de [la] faire sortir, on n’est pas confiants. Elle est traumatisée de tout ce qui s’est passé." La petite est entourée par ses proches, explique-t-il, y compris pour son apprentissage. "On essaie de lui donner des exercices, des calculs, pour éviter qu’elle se sépare du chemin scolaire."
Gestes de soutien
L'association regroupe beaucoup de mères de famille, qui font du porte à porte dans le quartier pour recenser le nombre d’enfants pénalisés. Elles peuvent compter sur la SIC, la Société immobilière calédonienne, qui va les aider à trouver un local. Particuliers ou professionnels, d’autres personnes leur apportent du soutien.
"Pour l’instant, on compte sur nous"
"Des entreprises privées m’ont contactée. Des professeurs, aussi pour délivrer maximum d’outils pédagogiques pour les enfants", énumère Dahlia Delord, la présidente… avant de pousser un profond soupir. "C’est compliqué. Mais quand je vois tout ce qui est en train de se créer… Pour l’instant, on compte sur nous, parents, sur la population. J’ai l’impression que c’est à nous de faire le premier pas pour essayer de trouver des solutions."
Les solutions évoquées par l’association doivent permettre d’assurer une continuité pédagogique. Reste à savoir, quel sera à plus ou moins long terme le taux de décrochage scolaire, à Kaméré et plus globalement en Nouvelle-Calédonie.
Un reportage de Natacha Lassauce-Cognard et Mourad Bouretima