Seka Siakinuu est à la tête d’une entreprise spécialisée dans les travaux d’électricité et de pose de panneaux photovoltaïques. En dépit d’un ralentissement de l’activité lié aux émeutes débutées le 13 mai dernier, il a tenu à garder ses neuf salariés. Même s’il avoue que ce n’est pas facile. “Avant la crise c’était déjà difficile. Mais tous les matins, on fait des réunions, pour remettre le moral à nos équipes de manière à ne rien lâcher. On a la chance d’avoir encore un peu de travail, il faut qu’on fasse honneur de manière à percer cette crise”, indique le chef d’entreprise. “On est tous nés sur ce territoire et on va continuer à se battre pour sortir de cette crise. Ensemble, on va y arriver”, assure le patron.
"On est obligés d'être confiants pour l'avenir"
Depuis sa création, il y a seize ans, c’est la première fois que l’entreprise traverse une pareille tourmente. Une passe difficile, qui contribue, étonnamment, à renforcer des liens. Jean-Marc Dremon, magasinier, a connu les événements en 1987. “J’ai vécu les événements de Thio. On est obligés d’être confiants pour l’avenir, pour les petits enfants”, révèle le professionnel.
Garder la foi dans la capacité du pays à se relever, Seka Siakinuu a parfois du mal à entretenir cette confiance. Il aimerait que la phase de reconstruction profite à tous. “Tout le monde parle de reconstruction, mais qui va reconstruire le pays? Nous, on est entrepreneurs depuis plus de seize ans, on est toujours sous-traitant d’un sous-traitant. À la tête, ce sont toujours des multi-nationales. On est restés dix ans en Métropole, pour pouvoir acquérir de l’expérience là-bas puis développer nos connaissances ici, dans notre pays”, souligne le chef d’entreprise.
"On espère que nos politiques trouvent un terrain d'entente"
L’un des gros chantiers sur lequel Seka Siakinuu et ses employés travaillent se situe à Magenta. Quarante villas résidentielles sont à électrifier. Un chantier, qui lui permet de tenir jusqu’à la fin de l’année. “Nous, le moral il est là. On espère simplement que nos politiques trouvent un terrain d’entente. Parce qu'en attendant, la première victime, c’est la population calédonienne. Il faut qu’on trouve des solutions positives pour que notre génération, qui ne reconnaît pas le paysage politique, trouve de l’espoir et de la lumière”, poursuit le patron.