C’est un grand jour pour Alain Dupé. Après 20 mois de travail acharné, il reçoit la visite des Affaires Maritimes, sur le chantier de Numbo, à Nouméa. À la clé, l’immatriculation de son chef-d’œuvre : un cotre breton en bois et résine.
"C'était des bateaux qui étaient destinés à la petite pêche côtière. Il fait 5,5 mètres de long. Il est complètement ouvert. Et l'avantage, c'est que je peux le manœuvrer seul sans être obligé de monter sur le pont. Vu mon âge, je suis tranquille. Je peux le manœuvrer en toute sécurité."
Bateaux en kit
L’histoire commence il y a quatre ans. Après le décès de son épouse, Alain se met en quête d’une activité pour "s’occuper les mains et la tête", si possible liée à la voile. En surfant sur Internet, cet ingénieur géomètre à la retraite tombe sur les bateaux en kit des chantiers Grand Largue.
"C'est un bateau qui me plaisait. J'ai eu envie de me lancer dans la construction. J'ai commencé ce projet en me formant aux techniques modernes du bois. Et en commandant au chantier un kit bois et accastillage, qui me permettait de le réaliser tout seul."
Réaliser un bateau, c'est quand même un art.
Alain Dupé, amateur de voiliers
Semblables aux anciens bateaux de pêche
Deux mille cinq cents heures plus tard, dont de longs moments passés dans l’atelier d’un compagnon menuisier, voici le Kerguelen, ainsi nommé en mémoire d’un séjour d’un an dans l’archipel du même nom. "Je suis content d'être arrivé à faire ça. Je ne suis pas déçu et je n'ai jamais été découragé. Parce que le bateau, une fois qu'il est fini, il me plaît. Mais réaliser un bateau, c'est quand même un art. C'est pas banal. Heureusement, j'ai navigué sur ce type de bateau donc je connais un peu. Mais ce n'est pas simple !"
Dans quelques semaines, le Kerguelen prendra la mer. Sa silhouette rappellera des souvenirs aux Calédoniens. Car ce cotre breton ressemble comme deux gouttes d’eau salée aux anciens bateaux de pêche qui, jadis, livraient les poissons vivants au marché.
Le reportage de Caroline Antic-Martin et Marion Thellier :