Visite ministérielle : la manifestation des militants indépendantistes a tourné à la confrontation avec les forces de l’ordre

A l'angle de la place des Cocotiers, les forces de l'ordre ont envoyé des gaz lacrymogènes, ce mercredi midi, pour faire reculer les manifestants.
Les heurts entre les manifestants et les forces de l'ordre ont fait cinq blessés parmi les gendarmes, selon le haut-commissariat, dont un grave, ce mercredi, dans le centre-ville de Nouméa. Ces militants indépendantistes ont profité de la visite de Gérald Darmanin pour protester contre le dégel du corps électoral provincial annoncé par l'Etat. Cinq personnes ont été interpellées.

MISE A JOUR AVEC REACTION DU HAUSSAIRE

Climat de tension, pour ce premier jour de visite du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, de sa ministre déléguée aux Outre-mer et du garde des Sceaux. La manifestation de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) contre le dégel du corps électoral provincial a donné lieu à des échanges musclés avec les forces de l’ordre, dans le centre de Nouméa. Dans la soirée, le haut-commissariat a annoncé que cinq gendarmes ont été blessés. Dont un grièvement, selon la police. Toujours d'après le haussariat, cinq personnes ont été interpellées.

>> Une journée de visite ministérielle à revivre ici


Jets de bouteilles et gaz lacrymogènes

Partis de la place du Mwâ Kaa pour rejoindre le haussariat, le cortège a rassemblé environ deux mille manifestants selon les organisateurs, 500 selon la police. Il comptait faire escale au gouvernement, où Gérald Darmanin était reçu par le président Louis Mapou. Mais les militants indépendantistes ont été stoppés net dans leur élan par un cordon de sécurité, rue Anatole-France, à l'angle de la mairie de Nouméa. En fin de matinée, le ton est monté d’un cran et quelques bouteilles ont été jetées en direction de deux camions des forces de l’ordre, qui assuraient le transport des troupes.

Face aux signes de colère envoyés par certains manifestants, des responsables politiques indépendantistes ont appelé au calme. Lequel est plus ou moins revenu après l’envoi de grenades lacrymogènes de la part des forces de l’ordre.

Si on a vécu en paix pendant quarante ans, c’est bien parce que le corps électoral était stabilisé.

Daniel Goa, président de l'UC

"Non au dégel du corps électoral"

La stratégie des responsables politiques était d’envoyer une petite délégation de jeunes militants indépendantistes pour demander à Gérald Darmanin de retirer son projet de réforme constitutionnelle visant à dégeler le corps électoral provincial. Mais cette rencontre n’a pas eu lieu.

« Il n’est pas question de dégeler le corps électoral, a martelé au micro de Nouvelle-Calédonie la 1ère Daniel Goa, le président de l’Union calédonienne, qui était dans le cortège ce mercredi matin. Si on a vécu en paix pendant quarante ans, c’est bien parce que le corps électoral était stabilisé. C’est entre Calédoniens qu’on se parle, qu’on essaie de construire quelque chose. Et c’est pas en les noyant dans une masse d’immigration qu’on va arriver à construire quelque chose."

Des militants indépendantistes étaient mobilisés contre le dégel du corps électoral, le 21 février 2024, dans le centre-ville de Nouméa, pour marquer la visite du ministre Darmanin.


La situation toujours tendue à midi

Daniel Goa affiche clairement le but de cette mobilisation : "montrer à l’Assemblée nationale et au Sénat que le discours de monsieur Darmanin là-bas pour dire que nous sommes tous d’accord, c’est un mensonge".

Il s’agit de "maintenir les acquis politiques de ces trente dernières années", poursuit un manifestant. En "voulant rendre le corps électoral glissant sur une durée de dix ans (de résidence, ndlr)", l'Etat risque de rendre les électeurs kanak indépendantistes "de plus en plus minoritaires", craint ce militant. Interrogé par NC La 1ère, Gérald Darmanin n'a pas souhaité faire de commentaire sur ces tensions en marge de sa visite. 

A l'heure du déjeuner, la situation étant encore tendue dans le centre-ville de Nouméa. En attendant un retour au calme, il est conseillé d’éviter de circuler aux abords de la place des Cocotiers. 

L'interview de Daniel Goa, le président de l'Union calédonienne, au micro d'Erik Dufour et Nicolas Fasquel

©nouvellecaledonie

Communiqués de réaction

Un épisode qui a notamment fait réagir le député de la seconde circonscription. "Les manifestations violentes ne feront reculer ni le dégel du corps électoral ni notre combat pour le rééquilibrage de la représentation au Congrès, écrit notamment Nicolas Metzdorf dans un communiqué. Au contraire."

Pour sa part, Louis Le Franc, le haut-commissaire, "condamne avec la plus grande fermeté les violences commises". Mais "réaffirme son attachement à un dialogue pacifique en Nouvelle-Calédonie. Il rappelle que pour cela, le droit de manifester est garanti par notre Constitution. Toutefois, celui-ci ne peut s’exercer que dans le strict respect de l'ordre public."