Longtemps considérée comme la première commune de Brousse, Païta appartient désormais à cette banlieue nouméenne de plus en plus urbanisée. Avec ses avantages et ses inconvénients. De la réussite de cette brutale évolution dépendra l'avenir de la commune.
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Un large bassin d’emploi
Vues de la voie express, les ZIZA, ZICO et autres ZIPAD n’ont pas seulement transformé le paysage ; elles ont permis d’installer un large bassin d’emploi : 972 entreprises, 1052 établissements artisanaux sont enregistrés sur la commune de Païta. Des services administratifs, mais aussi des usines ont même préféré quitter Nouméa pour sa banlieue.« A Numbo, on n’avait plus de place. Les terrains ne sont pas extensibles, les bâtiments n’étaient pas adaptés, donc c’est pour ça qu’en 2013, on a fait le choix de venir s’installer sur Païta. On a trouvé un terrain adapté, on a pu venir construire notre nouvelle usine ici » explique Mélanie Azaïs, présidente de l’AZA Païta et responsable qualité à Switi.
Qui dit entreprises dit employés. Eliane, comme d’autres, a fait volontiers le pari d’investir à Païta. Un choix de vie qu’elle ne regrette absolument pas.
« Avant, je travaillais à Magenta. Ça me demandait de partir plus tôt de chez moi, tandis qu’aujourd’hui, je suis à dix minutes de la maison au travail. Dès qu’on termine plus tôt, on a tout le reste de la fin d’après-midi à passer en famille » raconte Eliane Soémeri, employée de Frigodom.
De nouveaux quartiers
En six ans, Païta a vu sa population augmenter de 4 000 habitants. Savannah, Scheffleras, Val Boisé, Trois Vallées, autant de nouveaux quartiers qui se sont développés, autant de populations qu’il a fallu intégrer dans ce tissu urbain.« Il faut trouver les équilibres entre ce que les habitants peuvent trouver à proximité de chez eux en termes de services de proximité et d’équipements pour ne pas toujours à avoir à faire des distance pour avoir des services et en parallèle créer des pôles de centralisé où les gens viennent de tous horizons, de toutes catégories socio-professionnelles, faire société ensemble » explique Benoît Coquelet, directeur du DSU (développement social urbain). « Et effectivement, l’un des sites autour du parvis de l’arène du Sud et toute la plaine des sports fait partie de ces espaces de mixité fonctionnelle où l’ensemble de la population de Païta vient faire société et c’est là où se crée l’identité communale ».
Le problème de la délinquance
Comme les autres communes du Grand Nouméa, Païta n’échappe pas aux désagréments engendrés par cette urbanisation rapide. Parmi lesquels une montée de la délinquance et du sentiment d’insécurité.« Il y a beaucoup de dégradations, il y a beaucoup de vols, il y a beaucoup d’incivilités, beaucoup de consommation d’alcool. C’est le sujet numéro un qui inquiète ou qui pose question aux administrés » reconnaît Philippe Lissarrague, le directeur de la police municipale.
Les habitants des tribus se sentent oubliés
Malgré des efforts pour rapprocher les tribus du centre ville, Naniouni, N’dé, Saint-Laurent et Bangou semblent vivre à mille lieues de Païta.« Je vais vous dire honnêtement, on se sent oubliés parce que nous sommes les habitants originels de Païta » déplore Pierre Cottin, référent pour la tribu de Bangou. « Mais si vous voulez, vous pouvez faire le tour de toutes les tribus, vous faites le tour du village et des lotissements, vous verrez tout de suite la différence. Nous, on se sent oubliés, à tous les niveaux ».
Pourtant, l’espoir était né en même temps que la création il y a deux ans des référents dans chaque tribu. Un partenariat coutumier afin de définir les priorités de développement. Hélas, les investissements n’ont pas été à la hauteur. Ainsi cette route qui rejoint la RT1, goudronnée il y a 30 ans, et dont les travaux maintes fois demandés, ont toujours été repoussés.
Le reportage de Bernard Lassauce et Michel Bouilliez