L’entomoculture, ou élevage d’insectes, est une nouvelle filière industrielle en pleine éclosion. Depuis 2017, l’Union européenne a en effet autorisé 7 espèces d’insectes comme nourriture pour l’aquaculture, une autorisation étendue en 2021 aux volailles et aux porcs. Si plusieurs entreprises européennes ou américaines sont positionnées sur ce nouveau marché, Néofly fait figure de pionnière en Nouvelle-Calédonie, adapté au contexte insulaire et climatique du Pacifique sud..
L’idée ? Remplacer les farines de poissons intégrées aux aliments pour animaux, et plus particulièrement ceux destinés à la crevetticulture, par des farines de larves de mouche produites localement et donc participer à une plus grande autonomie alimentaire du Caillou.
D’abord installées à Pocquereux, les équipes de Néofly ont rejoint le campus IAC de Port-Laguerre à Païta, il y a quelques mois. Dans des conteneurs aménagés, elles élèvent mouches et larves, avec pour objectif de passer au niveau industriel, après la construction d'une usine, en 2025/2026.
Tout commence par l’élevage, dans des volières, de soldats noires, mouches forestières installées de longue date en Nouvelle-Calédonie, qui ne piquent pas et ne sont pas vecteurs de maladie. Leur vie, une dizaine de jours, est entièrement consacrée à la reproduction. Des milliers d’oeufs qui sont récupérés chaque jour.
Leur nourriture? Des déchets agricoles
Direction ensuite l’écloserie, car ce sont en fait les larves qui intéressent Neofly, Elles ont en effet un super pouvoir : elles grossissent à vitesse grand V, tout en aidant à réduire les déchets. "Les larves que l’on fait grandir ici se nourrissent de co-produits de l’agriculture calédonienne, des pommes de terre réformées ou encore des drèches ou des levures de brasserie, elles mangent de tout, tant que c’est végétal", explique Antoine Lubac, ingénieur de production. Résultat en 15 jours, la grappe d’oeufs de moins d’un demi-gramme a multiplié son poids par plus de 6 000 et s’est transformée en 1 à 1,5 kg de larves.
Huile, farine, et engrais bio
Une dizaine de jours après leur naissance, les larves qui ont atteint leur taille maximales sont blanchies à l’eau chaude, puis séchées et broyées. "On obtient alors une huile, riche en acide gras, de la farine de très grande qualité qui contient plus de 50% de protéines et qui est un excellent substitut de la farine de poisson importée, de plus en plus rare et chère", explique Régis Bador, co-fondateur de Néofly.
Et comme rien ne se perd, les frasses, c’est-à-dire "les résidus de ce que les larves n’ont pas consommé, leurs déjections et leurs mues. C’est un excellent engrais bio qui pourrait substituer un certain nombre d’engrais importés en Nouvelle-Calédonie", assure Régis Bador.
A terme, Néofly, qui achève sa phase de développement, espère pouvoir remplacer la moitié des farines animales importées sur le territoire par ses farines de larves de mouche.