Refus d’inscription scolaire en province Sud : un dossier brûlant à un mois de la rentrée en Nouvelle-Calédonie

Dans une école calédonienne, image d'llustration.
De nombreux parents rencontrent des difficultés pour inscrire leurs enfants dans des écoles de la province Sud, qui n’accepte plus les attestations d’hébergement comme justificatif de domicile. Le MNIS annonce des recours devant le tribunal administratif.

A un mois de la rentrée, de nombreux parents rencontrent des difficultés à inscrire leurs enfants dans une école publique de la province Sud. En cause : la décision de l’exécutif provincial de refuser les attestations d’hébergement comme justificatif de domicile pour les inscriptions scolaires 2025.

"Injuste"

C'est le cas notamment de Wamarane Wayaridri. Maman d’un petit garçon de 3 ans et demi, elle ne parvient pas à l’inscrire dans une école maternelle de Nouméa. “Je suis actuellement logée chez mes parents parce que l’année dernière, nous avons dû quitter notre logement. Nous sommes donc allés à Maré et mon fils a terminé son année scolaire là-bas.” Le couple, qui s’est retrouvé sans emploi après les émeutes, vit difficilement cette situation. “C’est totalement injuste. Ce n’est pas normal que l’on ne puisse pas inscrire notre fils dans une école publique.” 

Retour sur Nouméa

Comme cette mère de famille, ils sont nombreux à crier à l’injustice. Des parents envisagent même des recours juridiques. C’est le cas de cette habitante de Païta, qui a souhaité rester anonyme : “Je voulais inscrire ma fille dans l’école du secteur, à dix minutes de chez nous. Et en fait, ils n’acceptent plus les attestations de logement et il faut une facture au nom des deux parents. Sauf que l’on est logés chez les beaux-parents. Du coup, impossible d’inscrire ma fille. J’ai quand même essayé l’attestation, j’attends le refus pour écrire au vice-rectorat et faire un recours. Je suis angoissée et énervée, aussi. Parce que pour moi, on prive les enfants de l’enseignement.“ 

Carte scolaire

Face à ces accusations, la province Sud se veut rassurante. Aucune inscription ne sera refusée. Mais les inscriptions scolaires pour la rentrée 2025 sont closes depuis le 25 août. "Chaque année, il y a un certain nombre de parents qui viennent inscrire leurs enfants un peu au dernier moment, beaucoup parce qu’ils déménagent ou ils viennent s’installer sur le territoire, explique Christophe Bergery, secrétaire général adjoint de la province Sud. Mais cette année, on a été confrontés depuis début janvier à énormément de demandes. On est sur un doublement par rapport aux années précédentes. Et parmi ces personnes, beaucoup sont venues avec de simples attestations d’hébergement pour justificatif de domicile. Nous, ça nous pose de vraies difficultés d’organisation de la carte scolaire. Parce que derrière une inscription scolaire, il faut savoir qu’il y a des enseignants, des locaux, du matériel à prévoir et tout ça ne peut pas se faire au dernier moment.” 

Derrière une inscription scolaire, il faut savoir qu’il y a des enseignants, des locaux, du matériel à prévoir et tout ça ne peut pas se faire au dernier moment.

Christophe Bergery, secrétaire général adjoint de la province Sud

Recours

Un argument qui ne tient pas pour le Mouvement nationaliste indépendantiste souverainiste (MNIS) : “Nous, nous disons qu’il faut prendre en compte la situation actuelle. Nos institutions sont en décalage avec ce qui se passe sur le terrain. Aujourd'hui, il y a des changements de situation. Les personnes déménagent depuis le 13 mai. On sait très bien qu'il y a eu des enfants qui ont été envoyés en province Nord, en province Sud, pendant la période. Aujourd'hui, ils reviennent et procèdent à l’inscription. Mais à la suite de l'insurrection du 13 mai, la province Sud a décidé de mener une vindicte contre les quartiers populaires, les personnes les plus vulnérables, les plus démunies. Concernant la non-recevabilité des attestations d'hébergement, on sait très bien que nous, dans les quartiers, on est hébergés par mamie, papy ou la tantine. On vit en communauté, on se dépanne.” 

Nos institutions sont en décalage avec ce qui se passe sur le terrain.

Muneiko Hacoas, présidente du MNIS

Cas par cas

Le MNIS a recensé une trentaine de familles dans cette situation et entend les accompagner pour des recours au tribunal administratif. La province Sud assure de son côté que chaque demande est traitée au cas par cas. Soit près de 500 nouvelles inscriptions pour la rentrée scolaire 2025. 

Le reportage de Sheïma Riahi, Julie Straboni et Nicolas Fasquel :

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