Fermera, fermera pas ? Le personnel du collège public de Thio veut connaître l’avenir de l’établissement

Le collège public La Colline, à Thio.
Profitant de la visite du ministre des Outre-mer, les enseignants et le personnel du collège public de Thio ont adressé une lettre à Manuel Valls, au ministre de l’Education nationale, au vice-recteur et à Isabelle Champmoreau, en charge de l’enseignement au gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Alors qu’il est question de fermer l’un des deux collèges de la commune, ils demandent qu’une décision soit officiellement annoncée rapidement.

L’un des deux collèges de Thio fermera-t-il à la fin de l’année scolaire ? Avec les baisses d’effectifs, la question de la mutualisation d'établissements entre le public et le privé se pose plus que jamais, indiquait Isabelle Champmoreau, en charge de l’enseignement au gouvernement de la Nouvelle-Calédonie lors de la conférence de rentrée. Elle évoquait une réflexion sur Ouvéa, où il y a trois collèges, et Thio, où les deux collèges comptent moins de 80 élèves chacun. Des mutualisations permettraient de rationaliser les coûts et de redonner une dynamique pédagogique.

À Thio, où le taux de remplissage des établissements est d'environ 40%, les premières réunions datent de 2023, informe Gil Brial, deuxième vice-président de la province Sud. "Une décision devait être prise pour la rentrée 2025 mais avec les évènements, on ne se voyait pas le faire sans avoir pu rencontrer la population", explique-t-il. Une réunion publique a eu lieu fin 2024, mais rien n'a encore été tranché. 

“On nous dit qu’il n’y a plus de budget pour des travaux” 

Au départ, on a pensé que c’était plutôt le collège privé qui allait fermer dans la mesure où il n’est pas en bon état”, témoigne André Lanté, professeur d’histoire-géographie au collège de La Colline, public, depuis trois ans. Et puis ces dernières semaines, des “signaux” ont commencé à alerter l’équipe pédagogique : “on nous dit qu’il n’y a plus de budget pour les travaux, le proviseur nous dit qu’on lui a demandé de préparer la fermeture”, retrace André Lanté. D’un autre côté, “je n’ai pas reçu d’information de mutation et rien n’a été officialisé”. 

Les discussions sont toujours en cours 

Normal : “les discussions relatives à la réorganisation de l'enseignement du second degré à Thio sont en cours avec les différentes institutions”, indique le vice-rectorat. La province Sud a bien proposé de céder les murs du collège public à la direction diocésaine de l'école catholique. Et de fermer administrativement l'établissement public. Mais les cartes ont été rebattues. "Un sondage devait être réalisé par la mairie auprès de la population" pour connaître sa préférence "mais il n'a pas pu se faire. On prendra donc la décision, en fonction de l'intérêt des élèves", assure Gil Brial, qui doit rencontrer le vice-recteur la semaine prochaine, puis la direction diocésaine. 

Le personnel du collège de La Colline veut savoir. C’est le sens de la lettre envoyée ce vendredi 21 février à Manuel Valls, ministre des Outre-mer, Elisabeth Borne, ministre de l’Education nationale, au vice-recteur et à Isabelle Champmoreau. “On veut faire prendre conscience à nos autorités de tutelle qu’elles doivent officialiser rapidement et leur rappeler que c’est la dernière institution républicaine de la vallée” avec la gendarmerie, le dispensaire étant régulièrement fermé faute de personnel, lance André Lanté.

Les inquiétudes des enseignants

Nos élèves n’auront d’autres alternatives que d’aller dans le privé ou à La Foa, à plus d’une heure trente de route”, craint-il. Certains viennent de tribus éloignées. “Ils n’en auront pas les moyens. Dès qu’on doit les envoyer au lycée, c’est la croix et la bannière”, à cause de l’éloignement et des coûts, décrit-il. “Ils risquent de pâtir de cette situation, de se déscolariser”, prévient-il encore.

Gil Brial, lui, relativise le prix de l'enseignement privé en Nouvelle-Calédonie. "Entre le public et le privé, la qualité d'enseignement est la même", ajoute-t-il. Mais il est d'accord : "il faut prendre une décision le plus tôt possible". Pour qu'enseignants, encadrants, élèves et parents sachent où ils vont. Et pour organiser la carte scolaire et les mouvements d'enseignants au mieux. 

À Canala, le collège protestant Dö-mwâ, géré par l’Asee, avait dû fermer fin 2021 face à des difficultés financières et une baisse des effectifs après une année scolaire d’incertitudes.