Yaté : le sud déserté

Les habitants de Yaté vivent au rythme des barrages et de la division. Au-delà du désaccord minier, c’est toute la commune qui vit au ralenti et les espoirs d’une saison touristique prometteuse se sont évanouis.

Alors que les accès à l’usine du Sud sont toujours hermétiquement bloqués, l’accès à la commune de Yaté fluctue au rythme des barrages plus ou moins filtrants. Les habitants limitent leurs déplacements vers Nouméa, quant aux nombreux fournisseurs et autres livreurs, parfois refoulés, ils se font rares et les épiceries tournent au ralenti.

Coupé du monde

Par peur des représailles, peu d’habitants souhaitent témoigner. Robert Atiti, entrepreneur à Goro, parle lui sans détours. « Yaté est coupé un peu du monde parce que le monde extérieur ne vient plus sur la commune. Que ce soit au niveau touristique ou au niveau entrepreneurial. Il n’y a pas de circulation, c’est un peu le chaos ».

À Yaté, près de 400 emplois pour une population de 1800 habitants, sont liés à Vale. Les derniers événements ont plombé l’atmosphère. « Aujourd’hui, on est quand même divisés. Y’en a qui sont pour, d’autres contre, l’ambiance est un peu morose. Là, on nous annonce la mise sous cloche de Vale, qui risque d’être un retour en arrière de vingt ans », poursuit Robert Attiti.

Tourisme

Et puis, il y a le tourisme déjà durement touché par le Covid-19. Pourtant la saison estivale était prometteuse pour tous les gîtes et autres campings de la commune. Ainsi le Kanua à Port Boisé, qui affichait complet pour toute la saison explique Eliane Attiti, gérante du Kanua Téra. 

« On avait du mal à trouver de la place dans notre planning parce qu’on avait vendu des longs séjours et des packages sur les vacances. C’est tout cela qu’on a perdu, au moins une quarantaine de millions de francs cfp de perte pour la société ».

Revenus annexes

Des pertes financières et bien sûr, des pertes d’emplois à redouter. Mais au-delà, il y a ce que l’on nomme les revenus annexes, qui disparaissent pour la commune. « Il y a le tourisme, mais derrière, il y a tous les emplois comme la maintenance, le nettoyage, les produits que l’on achète au marché… », ajoute Eliane Attiti.

Pour ces professionnels, c’est toute une image qui est à reconstruire et une clientèle à reconquérir, qui va bien au-delà de la simple carte postale. Et pour ses habitants, c’est toute une sérénité qui est à retrouver. 

Le reportage de Bernard Lassauce et Nicolas Fasquel :