Quand le groupe Vale mise sur le nickel durable en Indonésie

L'usine de traitement du nickel de PT Vale Indonesia à Sorowako, dans le sud de Sulawesi, en Indonésie, le 12 septembre 2023.
Certains groupes miniers passent aux énergies vertes, poussés notamment par leurs clients comme par le grand public. Ainsi, Vale, qui s'est retiré de Nouvelle-Calédonie, poursuit son exploitation du nickel en Indonésie, premier pays producteur au monde. Le géant brésilien mise sur l'électricité hydraulique.

Une usine de nickel qui fonctionne presque entièrement avec de l'électricité hydraulique. C'est le pari réussi par Vale à Sorowako sur l’île indonésienne de Sulawesi. Grâce à l'installation de barrages. Les émissions d'équivalent CO2 seraient réduites d'1,115 million de tonnes par an, par rapport à l'utilisation du diesel. Une transition énergétique très coûteuse. Mais rentable à long terme (plusieurs décennies) selon le PDG de Vale Indonésie.

"Au total, ces trois barrages hydroélectriques nous ont coûté près d'un milliard de dollars US [114,45 milliards de francs Pacifique]", explique Febriany Eddy. Cependant, au fil des ans, malgré tous ces investissements, notre coût est aujourd’hui l'un des plus bas parmi les producteurs de latérite de notre catégorie. Cela est dû au fait que nous disposons d'une centrale hydroélectrique. L'hydroélectricité ne permet donc pas seulement de réduire nos émissions de carbone, mais aussi de réduire nos coûts aujourd'hui parce que, vous savez, nous ne subissons plus les fluctuations des prix du carburant et du charbon."

Du gaz naturel liquéfié aussi, à la place du charbon

Les dernières activités utilisant encore du charbon devraient passer prochainement au GNL, le gaz naturel liquéfié. Même si ce combustible fossile est aussi critiqué, c’est un moindre mal, défend Febriany Eddy. "J'ai deux options devant moi. Soit je continue à dire qu'il n'y a pas de solution viable. Et nous attendrons jusqu'à ce que la solution parfaite se présente, ce qui ne se produira que dans quinze ou vingt ans. Ou bien je travaille d'abord avec le GNL, tout en sachant que ce n'est pas une solution parfaite et qu'il ne s'agit que d'une étape. Mais avec les conversions au GNL, je peux réduire de 40 % mes émissions. Cela me permet de gagner du temps pour faire mieux plus tard." 

La décarbonation de l’industrie minière encouragée par ses clients

Globalement, l'industrie minière serait encore responsable de 4 à 7 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Mais Vale aurait réduit les siennes d'un cinquième depuis 2017. L'évolution de certains groupes miniers vers les énergies durables (il y a notamment des exemples d’utilisation du solaire au Chili, ou de l’éolien au Canada,…) répond aux orientations de nombreux Etats, à la volonté des clients industriels soucieux de respecter leurs engagements environnementaux voire sociaux et de gouvernance. Elle permet aussi d'attirer des financements verts. Enfin, elle fait écho à la préoccupation du grand public. 

Ne pas oublier les déchets

Toutefois, la décarbonation n'est pas tout. Les communautés proches des mines subissent d'autres nuisances via, notamment, les rejets. Une situation pointée du doigt par Aimee Boulanger, directrice exécutive de l'Initiative for responsible mining assurance : "Dans un monde déjà soumis au stress climatique, où l'on demande à des communautés d'être la banque de ressources naturelles pour la transition énergétique, la protection de l'environnement dans lequel elles vivent, de leur eau potable et la gestion des déchets ne se limitent pas aux émissions de carbone. Il s'agit en fait de la manière dont l'ensemble de l'écosystème est pris en charge." 

Un coût plus élevé des produits finis

Energie verte, traitement des déchets miniers, entre autres,.. Tout cela aura un coût élevé. D’autant que la demande de certains métaux comme le nickel va croître fortement avec le déclin des carburants d’origine fossile. En particulier à cause de la fabrication de batteries. Des experts sont catégoriques dans ce sens. Comme Michael Goodsite, vice-chancelier et professeur de génie civil et environnemental à l'université australienne d'Adélaïde : "Ces minerais sont nécessaires à des utilisateurs comme vous, moi et tous les autres. Les utilisateurs finaux tiennent à ce qu'ils proviennent, disons, d'un processus vert… quelque part où l'environnement est géré avec soin, et où les effets sur le climat sont pris en compte. Nous devons tous être prêts à payer une prime importante pour ce métal vert."

L’exemple de l’électricité hydraulique pour l’usine de Vale peut cependant faire espérer que ce surcoût disparaitra à long terme.