Ils ont distribué votre courrier pendant des années. A Nouméa, au Mont-Dore ou à Voh. Des facteurs qui ont sillonné inlassablement les routes calédoniennes.
Bruno Trin a commencé le 7 juillet 1980, à Voh. Il a passé 39 ans sur le terrain. "Je suis un mec qui aime bien déambuler, traîner, alors c'était valable ! On allait des fois chez des gens, très retirés, ils voyaient le facteur peut-être deux fois dans la semaine. Ils étaient contents de nous voir. Ils me donnaient de l'argent et j'allais leur chercher le pain ou ce qu'ils voulaient."
C’est son expérience au Mont-Dore qui l’a le plus marqué. "On voyait la mer. Les paysages étaient beaux et les gens du Mont-Dore étaient sympas. Ils n'étaient pas stressés comme en ville."
Les premières femmes en 1991
Laurence Bur, qui elle n'est pas pas encore à la retraite, faisait partie des premières femmes factrices. C’était en 1991. "Avant qu'on arrive, le responsable des facteurs avait convoqué tous les collègues. Il leur a dit de faire attention parce que des jeunes filles arrivaient. Il leur a demandé de bien se tenir, de bien nous parler. Mais ils nous ont quand même appris pas mal de mots un peu crus. Mais c'étaient mes meilleures années. C'étaient presque nos papas, ils nous ont tout appris."
Un métier physique, avec de lourdes sacoches, et parfois dangereux. "J'ai été mordue une fois par un chien. Et j'ai eu un accident de travail, un automobiliste m'avait coupé la priorité", se souvient Véronique N’Guyen qui a fait partie de la deuxième promotion de factrices.
Et au fil des ans des liens se sont tissés. "Rien que de voir leur regard quand on leur apportait un courrier ou une carte postale. C'était merveilleux, poursuit Véronique N'Guyen. A l'approche de Pâques, on nous offrait des chocolats. On avait vraiment de bons contacts."
Et leurs missions allaient parfois bien au-delà de la simple distribution du courrier. Estelle Blanc a même dû faire des interventions médicales. "Une personne avait fait un malaise. Sa femme m'a appelée et j'ai prévenu le docteur."
La mystérieuse disparition des sacoches
Parmi les souvenirs qui ont marqué Bruno Trin, il y a cette petite frayeur. "On était partis manger dans un restaurant et toutes les mobylettes étaient garées devant. Avec les sacoches bien-sûr. Il y a un des chefs qui est passé, qui a vu toutes les sacoches, et il est parti avec. Quand on est sorti, on ne comprenait pas ce qu'il s'était passé. On a tous été convoqués. On en a rigolé après, mais sur le coup, ce n'était pas trop risible..."
Un vocabulaire spécifique
L’occasion également, au cours de la soirée, d’utiliser le vocabulaire spécifique du métier. Par exemple tricoter, c’est-à-dire zigzaguer des numéros pairs aux numéros impairs de la route.
Le reportage de Stéphanie Chenais :