Quand les stockmen initient les cavaliers de la ville

Une immersion dans la tradition. Quand le monde de l'équitation s'initie aux pratiques du stockman à Dumbéa. Le Yala Ranch propose des journées d'initiation à la conduite du bétail. L'occasion de faire se rencontrer deux mondes qui ont pour langage commun la passion du cheval et de l’élevage.
Lenny Sadiman est stockman chez Patrick Ardimanni. Transmettre son métier, c’est aussi initier le cavalier et le cheval de la ville aux travaux des champs. 
« Il y a des chevaux, quand ils sont au club, malheureusement, ils ne connaissent un peu que le béton donc c’est important pour eux de voir un peu autre chose, d’être un peu dans la nature et de pouvoir côtoyer un animal qui peut être vu partout par les chevaux » commente le stockman. « Le bétail est un peu excité. Il y a un peu beaucoup de chevaux, d’habitude on n’est pas autant quand on manipule le bétail. Ils n’ont pas trop l’habitude ».
 

Du manège au stockyard

C’est aussi l’histoire d’une dizaine de cavaliers émérites qui veulent se frotter à la difficile expérience de la conduite de bétail, soit un troupeau, certes réduit à une douzaine de têtes, mélange de Brahmanes, de Charolais, de Limousins et autres métissages, bien loin des carrières de saut d’obstacles et d’épreuves de dressage. 
« C’est autre chose. Leur faire découvrir les vaches, c’est vrai qu’ils sont un petit peu anxieux. Le mien a plus l’habitude de faire du dressage, du saut d’obstacle. Mais les habituer à sortir, à voir autre chose, c’est tout bien pour eux » apprécie Sophie, cavalière au club de La Tamoa.
 

Apprendre à se placer

Dans le stockyard, Yann Foray, le propriétaire du Yala Ranch, organise le ballet des chevaux, des cavaliers et du bétail.
Ancien gardian en Camargue, est lui aussi passionné par la conduite du bétail. «  Le débutant ne sait pas trop ce qu’il y a à faire. C’est compliqué de dire d’intervenir à quel moment. Alors forcément, des fois, on s’énerve un peu parce qu’il faut faire ça vite, pas vite, et la personne ne comprend pas forcément ce que nous on veut dire. Le bétail, lui, forcément, il a compris là où ça n’allait pas ».
C’est justement la compréhension de l’espace et le positionnement du cavalier qui fait la différence. Tout un art. 
« C’est surtout l’extérieur qui est un petit peu compliqué à appréhender parce qu’on n’a pas forcément l’habitude de se retrouver sans encadrement » explique Guillaume, cavalier au Yala Ranch, « mais une fois qu’on a passé l’appréhension, et qu’on se concentre sur le bétail, on oublie un peu le reste et ça passe ».
Cet aspect singulier du métier de stockman, véritable patrimoine immatériel de la côte Ouest de la Calédonie, est désormais transmis aux autres passionnés d’équitation, et à leurs montures.  
Le reportage de Bernard Lassauce et Cédric Michaut 
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