Quinze personnes exécutées au Japon cette année

Les deux condamnés à mort qui ont été pendus jeudi, au Japon, portent à quinze le nombre d'exécutions dans le pays, cette année. A ce jour, plus de 100 personnes attendent dans les prisons nippones de se voir appliquer la peine capitale. 
Deux condamnés à mort ont été pendus jeudi au Japon. Cela porte à quinze le nombre d'exécutions en 2018, contre trois à quatre par an depuis 2014. Ont été conduits à la potence Keizo Kawamura, soixante ans, et Hiroya Suemori, 67 ans. En 1988, ils ont mortellement étranglé le patron d'une société d'investissement et un employé. 
 

Secte Aum

Ce sont les premières pendaisons depuis l'exécution en juillet des 13 membres condamnés à mort de la secte Aum, responsable de l'attentat mortel au gaz sarin en 1995, dans le métro de Tokyo. Sept d'entre eux ont été tués le 6 juillet, dont le gourou Shoko Asahara (sur la photo ci-dessous, qui date de 1995). Six autres l'ont été le 26 juillet. Une série d'exécutions qui a suscité la stupeur, auprès des abolitionnistes. De par le nombre et aussi du fait qu'une partie des condamnés attendaient encore un jugement concernant une demande de révision de procès.
 
 

Dans l'antichambre de la mort

Depuis le retour au pouvoir du conservateur Shinzo Abe, en décembre 2012, 36 prisonniers ont été pendus. A ce jour, plus de 100 condamnés à mort attendent leur exécution dans les prisons nippones, dont environ la moitié depuis plus de dix ans. Selon la loi, le délai ne doit pas excéder six mois une fois la peine capitale confirmée. En réalité, des années se passent dans l'antichambre de la mort.
 

Les exécutions au Japon sont secrètes et les prisonniers ne sont généralement avertis que quelques heures auparavant, mais pas toujours. Leurs familles, leurs avocats et le public ne sont informés qu'après.
Amnesty International

 

Protestation

«Les exécutions au Japon sont secrètes et les prisonniers ne sont généralement avertis que quelques heures auparavant, mais pas toujours. Leurs familles, leurs avocats et le public ne sont informés qu'après», expliquait, dans un récent rapport, Amnesty International, qui proteste à chaque exécution. «Plusieurs détenus souffrant de handicaps mentaux et intellectuels ont également été exécutés ou restent dans le quartier des condamnés à mort», dénonçait aussi l'organisation.
 

D’un côté, le gouvernement dit qu'il faut garder la peine de mort parce que la grande majorité de l'opinion est pour. Mais de l'autre, très peu d'informations sont données au public pour qu'il se forge un véritable avis.
Une chercheuse

 

Un débat peu audible

Le débat sur la peine capitale n'est pas très audible au Japon. Le gouvernement argue qu'il n'a pas lieu d'être puisque, selon les sondages, 80% de la population est pour. Toutefois, ces données mériteraient d'être nuancées, explique Mai Sato, chercheuse à l'Institut de recherche pour la politique criminelle à Londres: une telle majorité s'explique selon elle par l'omerta qui entoure le système. «D’un côté, le gouvernement dit qu'il faut garder la peine de mort parce que la grande majorité de l'opinion est pour, souligne-t-elle. Mais de l'autre, très peu d'informations sont données au public pour qu'il se forge un véritable avis. C’est contradictoire.»