Réconciliation entre la France et l'Australie : bientôt une aide militaire commune aux soldats ukrainiens

Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, au palais de l'Elysée à Paris, le 29 novembre 2022.
Dans une tentative de retisser des liens rompus après la crise des sous-marins, les ministres français des Armées Sébastien Lecornu et australien Richard Marles ont annoncé la livraison à l'Ukraine de plusieurs milliers d'obus, fabriqués conjointement.

L'heure est aux projets communs entre la France et l'Australie, un peu plus d'un an après avoir résilié le "contrat du siècle". Ce lundi, les ministres français des Armées, Sébastien Lecornu, et australien, Richard Marles, ont ainsi signé un accord de production et de livraison d'obus à l'armée ukrainienne. "Plusieurs milliers d'obus de 155 mm vont être fabriqués en commun" a annoncé Sébastien Lecornu, précisant que les premières livraisons étaient espérées au premier trimestre 2023. "Nos industries d'armement doivent produire plus vite en maitrisant les coûts et en gérant les stocks", a-t-il ajouté, estimant que l'accord permettait "de le faire à deux, en limitant l'effort budgétaire et en ne prélevant pas dans le stock de nos armées". 

Ces obus de 155 mm sont ceux tirés par plusieurs pièces d’artillerie occidentales fournies à l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie, comme les Caesar français, les M777 américains, ou les Panzerhaubitze 2.000 allemands.

Un projet à plusieurs millions de dollars 

Selon Sébastien Lecornu, "l'idée est d'apporter une aide significative, et un effort qui soit continu dans le temps", sans livrer davantage de précisons sur le contrat. Le groupe Nexter sera à la manoeuvre côté français, tandis que l'Australie sera "en capacité d'amener des poudres", a expliqué le ministre français. De son côté, Richard Marles, ministre australien de la Défense, a salué un "projet de plusieurs millions de dollars" et une "nouvelle coopération entre les industries de défense australiennes et françaises".

Retour à une relation "chaleureuse" après l'épisode des sous-marins 

La confiance entre Paris et Canberra s'était brisée en septembre 2021 lorsque l'ancien gouvernement conservateur australien avait brusquement annulé un contrat de 90 milliards de dollars australiens (56 milliards d'euros) pour douze sous-marins du groupe français Naval Group, lui préférant des sous-marins à propulsion nucléaire britanniques ou américains. Les relations bilatérales étaient ensuite restées tendues jusqu'à l'élection, en mai 2022, d'un nouveau Premier ministre australien, Anthony Albanese, qui s'est efforcé, depuis, d'apaiser les relations avec Paris, avec notamment la volonté pour les deux capitales de bien s'entendre dans la zone indopacifique, zone stratégique cruciale où transite du commerce mondial et où la Chine accroît son influence.


La cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna, qui recevait elle aussi son homologue australienne, Penny Wong, a exprimé sa volonté de "poursuivre ce travail de reconstruction d'un partenariat que nous voulons ambitieux" sur la base du "respect mutuel et de la confiance". "L'ambiance entre nous quatre caractérise réellement de façon parfaite le retour d'une relation bilatérale chaleureuse", a ajouté pour sa part Richard Marles.