Référendum : un vote géographique et communautaire en 2018

Au-delà du résultat du premier référendum en 2018, il y a une autre lecture de cette première consultation. La répartition des Oui et des Non montre un électorat à la fois très divisé et fermement ancré dans ses positions.
Au-delà de la couleur du bulletin de vote et du résultat brut, le scrutin de 2018 a rappelé la division spatiale de l’électorat. Au Nord, sur la côte Est et aux îles, le Oui l’emporte, la majorité pour le Non se rassemblant sur la côte Ouest. 
 

Un vote communautaire

Un paysage politique qui semble immuable et communautaire. 
«  En trente ans, le vote indépendantiste est toujours essentiellement un vote kanak, et le vote non-indépendantiste est toujours porté par une majorité non-kanak » explique Pierre-Christophe Pantz, docteur en géopolitique. « Ce qui montre qu’aujourd’hui, on a un vote extrêmement communautaire en Nouvelle-Calédonie où ni les indépendantistes, ni les non-indépendantistes n’ont réussi à aller convaincre de l’autre côté de leur propre base ». 
 

Des résultats tranchés par commune

Autre analyse qui peut interroger quand on observe plus avant les résultats, seules les communes de Moindou et de Pouembout enregistrent un vote équilibré. Ailleurs, la répartition indépendantistes / non-indépendantistes demeure très tranchée. 
« Il n’y a pas de demi-mesure aujourd’hui dans la répartition du vote. Des votes extrêmement scindés finalement entre deux positions, un vote très manichéen » souligne Pierre-Christophe Pantz. « Alors, il y a des communes, notamment de par leur composition ethnique,  par leur population, qui sont un peu plus partagées, qui évoluent peut-être un peu plus en marge mais ça reste quand même assez faible par rapport à l’ensemble des tendances qui sont ancrées, cristallisées depuis une trentaine d’années, et jamais dans un entre-deux, indépendance ou pas indépendance ». 
 

Une fracture sociale

Cette bipolarité se remarque également à l’intérieur même des communes. Une division qui cette fois, peut s’apparenter à une fracture sociale.
« On voit qu’il y a une vraie fracture de la répartition du vote notamment sur ces communes à la fois urbaines et rurales. Un centre-ville qui vote essentiellement pour les partis non-indépendantistes et les tribus qui elles, sont plus favorables à l’indépendance » poursuit Pierre-Christophe Pantz.

Difficile d’imaginer un quelconque bouleversement dans un électorat à la fois ancré dans ses certitudes et séparé dans ses convictions d’ici au 4 octobre prochain. 
Les explications de Bernard Lassauce et Cédric Michaut 
©nouvellecaledonie