Entre 2018 et 2020, l’échiquier politique calédonien a vu ses lignes bouger, les provinciales et les municipales étant passées par là. Pour ce 2ème référendum, l’organisation et la campagne révèlent un durcissement des positions dans les camps loyaliste et indépendantiste.
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Entre les partisans du « Oui » d’un côté, et ceux du « Non » de l’autre, cette 2ème consultation référendaire ne débute pas sous les meilleurs auspices. Comparé à 2018, chacun a pu noter le changement de ton et une bipolarisation plus forte du monde politique.
« De par la nature de la question, une question très basique, duale, cela accentue forcément la bipolarité, observe Pierre-Christophe Pantz, docteur en géopolitique. Elle écarte les deux types de position, qui ont du mal à se retrouver sur une position commune. Forcément, cela a tendance a attiser les clivages entre les uns et les autres. Ce n’est pas du tout anormal qu’on se retrouve dans une situation extrêmement bipolarisée dans cette répartition du vote. »
De quoi révéler les limites de l’Accord de Nouméa, qui est pour les uns un accord de décolonisation et donc synonyme d’indépendance, et pour pour les autres, synonyme d'un avenir plus ou moins figé sur le statut existant.
« De par la nature de la question, une question très basique, duale, cela accentue forcément la bipolarité, observe Pierre-Christophe Pantz, docteur en géopolitique. Elle écarte les deux types de position, qui ont du mal à se retrouver sur une position commune. Forcément, cela a tendance a attiser les clivages entre les uns et les autres. Ce n’est pas du tout anormal qu’on se retrouve dans une situation extrêmement bipolarisée dans cette répartition du vote. »
Deux projets aux antipodes
Culture du face-à-face, en lieu et place du consensus, opposer le bleu-blanc-rouge à la Kanany… Chacun entonne son refrain comme une évidence.« Nous, on défend le fait que ce vivre ensemble doit se faire dans la France, et en face, on a des personnes qui défendent Kanaky. On n’est pas du tout dans le même projet », résume Sonia Backès de l'Avenir en Confiance. Pour Calédonie Ensemble, c’est l’organisation même et le succès de ce 2è référendum qui est en jeu. « Il n’y a plus aucun consensus sur aucune modalité de l’organisation du référendum de 2020, on n’est même pas d’accord sur la date », regrette Philippe Dunoyer de Calédonie Ensemble.On est dans un affrontement idéologique, et non dans un affrontement de personnes.
On repart sur l’exact contraire de la réussite du référendum de 2018.
Absence de dialogue
Date, corps électoral, utilisation des symboles de la République… Tant de choses opposent publiquement les deux camps, et à la différence de 2018, l’absence de dialogue a renforcé les antagonismes. « Quand on parle de partenaires de l’Accord de Nouméa, c’est qui ? C’est l’Etat français, le FLNKS et le RPCR », pointe Mickaël Forest de l’UC-FLNKS, avant d'évoquer les divisions au sein du camp loyaliste.Que ce soit à travers les nombreux comités des signataires, les réunions du G10 malgré son explosion… Les discussions avaient permis à, l’époque la recherche d’un consensus qui n’existe plus aujourd’hui.Aujourd’hui, l’histoire politique a vu qu’il y a un des partenaires qui est plus ou moins éclaté actuellement. Chacun doit prendre ses responsabilités.
« En 2018, on se parlait, on discutait, on échangeait. Plus depuis 2018 », déplore Victor Tutugoro. A l'Avenir en confiance, on relativise la portée des discussions qui avaient eu lieu en 2018 pour le 1er référendum. « Le G10 n'a servi strictement à rien pour la Nouvelle-Calédonie, si ce n’est à faire sortir la charte des valeurs de ceux qui avaient le pouvoir précédemment, tâcle Sonia Backès. Les discussions on les a. On est exactement dans les mêmes conditions de dialogue que celles qu’on avait en 2018. »Les choses sont quand même beaucoup plus frontales qu’en 2018.
Une faillite annoncée ?
A Calédonie Ensemble, on se montre inquiet. « J’espère que le 2e référendum va aussi servir d’enseignement sur ce qu’il ne faut pas faire, c’est a dire nous lancer dans l’organisation d’un référendum comme si c’était facile, simple. Comme s'il suffisait de dupliquer, indique Philippe Dunoyer. Non, il faut toujours discuter. Il faut même préparer l’après Accord de Nouméa. L’absence de discussion est évidement un élément qui explique la faillite de 2020. » Une faillite redoutée qui pourrait annoncer des lendemains difficiles, selon Victor Tutugoro, de l'Uni-Palika. « Si les résultats du 4 octobre étaient encore un rejet du processus de décolonisation, je crains que les choses ne se tendent davantage. »De quoi révéler les limites de l’Accord de Nouméa, qui est pour les uns un accord de décolonisation et donc synonyme d’indépendance, et pour pour les autres, synonyme d'un avenir plus ou moins figé sur le statut existant.