Rendre plus accessible aux Calédoniennes la reconstruction mammaire sans implant

La première opération, lundi matin, au Médipôle.
La reconstruction mammaire sans prothèse permet aux femmes qui ont subi une ablation d’un sein de retrouver une poitrine. Une équipe de l’institut Curie se trouve sur le Caillou pour procéder à six opérations de ce type. Une chirurgie de pointe au service des Calédoniennes. 
C’est une opération de haute précision qui demande quatre heures. Son nom : le Diep, pour «Deep inferior epigastric perforator flap» - traduire : «lambeau de vaisseaux perforants épigastriques inférieurs». La technique consiste à prélever au niveau de l'abdomen un ensemble de graisse et de peau, ainsi que l'artère et la veine qui les irriguent. Et de greffer l’ensemble à d'autres vaisseaux, présents sur le thorax de la patiente.
 

Six Calédoniennes ainsi opérées

En Calédonie cette semaine, une équipe de linstitut Curie, premier centre français de lutte contre le cancer, va réaliser cette opération sur six femmes. Elle se compose de deux chirurgiens et une chirurgienne, d’une infirmière anesthésiste, d’une infirmière de bloc et d’une responsable de l’information.
 
 

Le problème de cette technique, c’est que c’est une chirurgie très minutieuse. Les vaisseaux qui vont alimenter le gras et la peau du ventre qu’on va repositionner au niveau du ventre font deux à trois millimètres de diamètre. Et on utilise un fil qui fait à peu près l’épaisseur d’un cheveu, et d’un cheveu assez fin, pour pouvoir rebrancher cette artère et cette veine.
- Dr Jean-Guillaume Feron, chirurgien de l’institut Curie.

 

Spécificité

«Ce qui nous est spécifique, c’est qu’on apporte des techniques que vous ne pouvez maîtriser que si vous avez un très gros volume de patients qui viennent vous voir», résume le professeur Fabien Reyal qui conduit la mission. Il est chef de service de chirurgie gynécologique sénologique et reconstructrice. 
 

Vous ne pouvez pas développer les mêmes niveaux de technique, [avec] 150 cancers du sein par an, que quand vous en avez trois à quatre mille, comme c’est le cas à l’institut Curie.
- Professeur Fabien Reyal.

 
 

Cinq jours d'hôpital

Les patientes qui vont avoir accès à une telle expertise n’auront besoin d’être hospitalisées que cinq jours, pour un résultat plus naturel qui nécessite en général moins d’interventions par la suite. Le chef de service gynécologie au CHT Gaston-Bourret voit dans le partenariat une aubaine. «L’enjeu de cette mission, c’est de pouvoir proposer à toutes les communautés des gestes de reconstruction, et d’avoir tout le panel de la reconstruction», considère Erick Camus.
 

Le principal apport, c’est d’avoir amené à la reconstruction des gens qui ne seraient sans doute jamais allés jusqu’à la reconstruction s’il avait fallu se déplacer en Métropole.
- Erick Camus, chef de service gynécologie au CHT

 

Cinquante mastectomies par an 

Un bilan médical de cette première mission est prévu vendredi. Et la collaboration pourrait être renouvelée. On compte chaque année en Calédonie cinquante mastectomies, c’est-à-dire l’enlèvement d’un sein ou des deux, et vingt à 25 reconstructions mammaires.

Le reportage de Brigitte Whaap et Laura Schintu :  
©nouvellecaledonie
 

L’invité du JT

Pour aller plus loin, le professeur Fabien Reyal était lundi soir l’invité du JT. 
Son entretien avec Dave Wahéo-Hnasson :
©nouvellecaledonie
 

Appli

A noter : les spécialistes de l'institut lancent cette semaine leur application informative concernant la reconstruction mammaire. Cet outil à destination des patientes sera testé en avant-première sur le Caillou. 
 
Soirée médicale et information au public
• En parallèle des interventions, une soirée médicale est prévue mercredi pour échanger entre confrères. Un temps d’information pour le grand public sera par ailleurs proposé jeudi par le Lions club Nouméa Doyen, avec l’intervention de médecins de l’institut Curie et du service gynécologie du CHT.

• Il aura lieu au Nouvata de Nouméa (entrée gratuite). Seront présents le comité local de la Ligue contre le cancer et l’Association calédonienne de soutien aux malades du cancer.

• Thèmes abordés : le cancer du sein; génétique et cancer du sein : familles à risque; la reconstruction mammaire; fertilité et cancer de la femme jeune : avoir un enfant après un cancer.