Fermeture de certains services à la DDEC,(Direction Diocésaine de l'Enseignement Catholique) transport scolaire, réaffectation des élèves impactés par les émeutes ... Autant de sujets évoqués par la membre du gouvernement en charge de l'enseignement, ce mercredi 14 août. Isabelle Champmoreau était l'invitée du journal radio, à midi.
NC la 1ère : Vous aviez demandé des explications à la DDEC concernant la fermeture annoncée des internats et les perturbations concernant les cantines, est-ce que le droit de réponse diffusé ce mercredi vous suffit ?
Isabelle Champmoreau : J'ai rencontré Madame Cazeau (la directrice diocésaine de l'enseignement) la semaine dernière. La forme de la circulation des infos m'avait déjà étonnée puisque nous avions appris par les partenaires sociaux et les familles que les internats allaient fermer, ce qui a suscité des inquiétudes car cela favoriserait le décrochage scolaire.
J'ai reçu Madame Cazaux pour lui expliquer quelle était la position du gouvernement. Je sais que la DDEC connaît encore des difficultés financières mais nous avons travaillé pour renforcer notre accompagnement de la restauration et des internats.
Notre position est simple : à partir du moment où nous finançons particulièrement ces services, nous demandons un effort à la DDEC pour qu'elle ait une attention particulière à les maintenir actifs.
Les internats doivent donc rester ouverts ce lundi ?
Ailleurs sur le territoire métropolitain, les institutions ne financent ni l'internat ni le système de restauration pour l'enseignement privé. Ici, c'est un effort particulier qui a été fait pour soutenir l'enseignement privé.
Je demande que dans cette période de crise, un effort soit fait concernant ces services pour que les enfants puissent être hebergés.
Certains établissements resteront-ils fermés à la rentrée, lundi ?
Tous nos établissements seront ouverts, il y en a 44 du secondaire dans le public, collèges et lycées. Les écoles seront ouvertes aussi.
Forcément, la situation n'est pas normale. La reprise a été progressive et elle est encore dégradée. Il y a certaines situations particulières, comme le collège de Tuband qui reprendra lundi pour le personnel et mardi pour les élèves. Un gros travail a été fait sur le quartier avec l'aide des forces de l'ordre et de la SIC.
Pour Petro Attiti, on poursuit la reprise progressive. On avait proposé une solution pour 60% d'entre eux avec l'aide d'autres établissements. Nous avons aussi une école mise à disposition par la mairie de Nouméa pour proposer aux 40% restants une reprise des cours dégradée à Rivière-Salée, avec de l'enseignement général.
Le lycée Petro Attiti, justement, sera-t-il en mesure de rouvrir l'année prochaine ?
Le lycée Petro Attiti ne rouvrira pas l'année prochaine. Nous devrons encore avoir des élèves répartis dans d'autres établissements. D'ici l'année prochaine, on pourra rouvrir plusieurs plateaux techniques mais il faudra attendre 2026 pour un fonctionnement normalisé, à condition de réunir les fonds nécessaires. Nous avons demandé une aide spécifique à l'Etat.
Au Mont-Dore, des parents sont inquiets car on leur parle d'une reprise normale, avec des horaires habituels. Comment répondre à ces inquiétudes ?
C'est difficile en ce moment. Au Mont-Dore sud, nos élèves et nos personnels sont coupés de leurs établissements, qu'ils se situent à Nouméa ou dans l'agglomération. Il y a 800 élèves au lycée du Mont-Dore, mais il y a une tolérance et des aménagements pour nos élèves et personnels bloqués. Nous allons rouvrir le 20 août l'internat de cet établissement comme ceux de tous les autres d'ailleurs.
On sait que tous les élèves ne prennent pas la navette, parce que les conditions de transport varient selon la météo et les places disponibles. Il y aura tous les jours pour le lycée un soutien scolaire maintenu le matin. On travaille en parallèle sur des dispositifs pour améliorer ce soutien scolaire et nous étudions également la possibilité d'un système de navettes scolaires.
Qu'en est-il, de manière générale, du transport scolaire à quelques jours de la rentrée ?
Nous sommes en lien avec le SMTU mais nous n'avons pas de visibilité sur cette partie et nous en sommes inquiets. On travaille néanmoins pour savoir comment les transports scolaires vont pouvoir se mettre en place.
Des parents d'élèves du collège de Rivière-Salée ont lancé une pétition contre sa fermeture. Le gouvernement peut-il aller à l'encontre de la décision de la province Sud ?
Nous avons mené des réunions de travail avec la province Sud, qui nous a donné des informations claires sur ce sujet. Elle compte environ 1 milliard 600 millions de francs de travaux globaux sur les collèges.
A partir de la rentrée 2025, le collège de Rivière-Salée sera effectivement fermé. Les travaux ne peuvent pas être faits pour l'instant et s'ils devaient être faits, il faudrait dans tous les cas fermer l'établissement pendant deux à trois ans pour ne pas travailler en site fermé [...] C'est malheureusement pour l'instant l'une des conséquences sur le quartier, qui a été le plus touché durant les émeutes.
Il était jusqu'à présent le plus équipé de la ville de Nouméa : huit écoles, un lycée, un collège, une mairie annexe, une médiathèque et j'en passe. 40 ans de développement ont été mis à mal par des personnes qui n'ont pas mesuré les conséquences de leurs actes et nous devons maintenant gérer sur le long terme le réaménagement des quartiers touchés.
Des propos recueillis par Medriko Peteisi.