C’est une situation très compliquée, à quelques jours de la reprise des cours.
Dans un courrier en date du 8 août dernier, adressé au personnel et aux parents d'élèves, la DDEC a annoncé la couleur : du chômage partiel pour ses presque 500 employés non-fonctionnaires dont le personnel de service et d’éducation. Conséquences : plus de service de cantine ni de garderie et d’aides maternelles dans certains des 62 établissements scolaires catholiques.
Rude sentence pour les internats
Ils sont tous fermés et il revient aux parents de trouver une solution pour que leurs enfants puissent reprendre les cours. Sur les réseaux sociaux, il n'est pas rare de voir des lycéen(ne)s poster des annonces pour une chambre ou un studio à louer, proche de leurs établissements. Il n'y aura donc pas de rentrée ce dimanche 18 août, à la veille de la reprise des cours.
Au lycée Blaise Pascal, 80 élèves internes sont concernés sur les 1080 de l'effectif total. L’association de parents d’élèves sert d’intermédiaire pour faire jouer la solidarité.
Sonia Luttringer, la présidente de l’APE.
L’APE du lycée Blaise Pascal a également l’intention de demander un entretien avec la DDEC.
La solution "la moins préjudiciable"
Dans son courrier, si la directrice de la DDEC se dit “consciente de l’inquiétude suscitée par cette nouvelle” et assure faire le “maximum pour que cette période de chômage partiel soit la plus courte possible”, Karen Cazeau écrit qu’il s’agit là de “la solution la moins préjudiciable pour tous” pour “préserver les emplois” et “maintenir l’activité scolaire.” La directrice pointe également les difficultés financières de son organisation auxquelles s’est ajoutée la crise des trois derniers mois. Un argument qui a fait tiquer les institutions.
Les institutions choquées par ces annonces
Isabelle Champmoreau, la membre du gouvernement en charge de l’enseignement et Sonia Backès, la présidente de la province Sud ont ainsi, ce lundi 12 août, chacune envoyé un courrier à la DDEC. Isabelle Champmoreau y rappelle notamment que lors d’une rencontre jeudi dernier, elle s’était opposée à la fermeture des internats.
"Je suis opposée à cette approche et je considère que vous devez honorer les services à rendre aux élèves sur la base des financements des collectivités conformément au cadre fixé par nos conventions" écrit-elle. D'autant plus qu'elle indique que les établissements publics ouvriront eux leurs internats à la rentrée. "Priver nos élèves de ces services ne fera qu'accentuer la déscolarisation et les effets de la précarité sur notre jeunesse."
La membre du gouvernement détaille également les montants versés à la direction de l’enseignement catholique, notamment les 374 millions de francs pour le fonctionnement des cantines et internats des lycées. Même son de cloche sous la plume de Sonia Backès, qui pointe les 620 millions versés par la province Sud pour les collèges et les écoles. La présidente de la province Sud trouve "inadmissibles" les informations transmises par la DDEC.
Droit de réponse de la DDEC
Le dossier reste donc en suspens. Contactée, la direction de la DDEC n’a pas donné suite à nos demandes d’informations supplémentaires mais s'est fendue d'un communiqué en guise de droit de réponse.
Elle y retrace point par point l’historique récent des soucis financiers que la direction diosésaine a rencontrés et qu’elle rencontre encore malgré le vote de la délibération posant le cadre juridique de son financement et les versements de plusieurs centaines de millions de francs.
Des sommes, insiste la DDEC, insuffisantes pour un fonctionnement normal de la cantine et l’hébergement. Selon le courier, plusieurs alertes ont été faites en ce sens, sans réponse des pouvoirs publics. La direction diocésaine dit aussi trouver choquante voire honteuse l’allusion selon laquelle la situation actuelle résulte d’une mauvaise utilisations des fonds versés.
Elle rappelle que ses comptes sont certifiés par un commissaire aux comptes. Le courrier précise également que des établissements de la DDEC ont été endommagés lors des émeutes des trois derniers mois, ce qui a coûté 40 millions de francs CFP à l’organisme sans intervention des institutions.
Autant de raisons qui entrainent selon le communiqué le recours au chômage partiel depuis le 1er août. Et de conclure en appelant à travailler ensemble sur des solutions rapides.