Une étape de franchie, au calendrier des rendez-vous institutionnels qui vont avoir un impact important sur l'avenir de la Calédonie. Mardi 27 février, heure de Paris, le Sénat a donné son accord pour un report des provinciales, au plus tard le 15 décembre 2024. Retrouvez ici les réactions à cette séance parlementaire suivie de près.
Georges Naturel, sénateur : "Ce report est indispensable"
Les sénateurs calédoniens n'ont pas manqué de s'exprimer au cours du débat dans l'hémicycle. Pour Georges Naturel (Les Républicains), "impossible que les élections provinciales aient lieu dans deux mois" avec les conditions actuelles. L'ancien maire de la deuxième ville calédonienne estime que le report est "indispensable" (…) Si ce projet de loi organique est adopté au Parlement, nous disposerons d’un délai supplémentaire de sept mois pour réviser la Constitution et ainsi modifier la disposition qui instaure une injustice pour des milliers de Calédoniens de cœur, ou de naissance, qui aujourd'hui ne sont pas autorisés à voter aux élections provinciales."
Son intervention
Robert Xowie, sénateur : une démarche qui "ignore le temps du palabre"
Le sénateur issu de l’Union calédonienne s’oppose à ce report, pour exprimer par extension le refus de voir le corps électoral dégelé. "Le gouvernement, en facilitant l’intégration des nouveaux arrivants, avec une durée de résidence de dix ans, cherche à légitimer une nouvelle colonisation de peuplement, en organisant une noyade démographique du peuple originel", a déclaré Robert Xowie, qui siège dans le groupe "Communiste républicain citoyen et écologiste - Kanaky". Pointant un changement de stratégie, il dénonce : "La volonté de l’Etat de contraindre les partenaires indépendantistes à conclure un accord global avant le 1er juillet ignore le temps du palabre."
Son intervention
Virginie Ruffenach, groupe Rassemblement : "Une bonne chose"
"C'était très important pour nous qu'il puisse y avoir ce report, de manière à ce que la révision constitutionnelle qui dégèle le corps électoral puisse avoir lieu", salue Virginie Ruffenach, présidente du groupe Rassemblement au Congrès, en parlant de "bonne chose". Celle qui a combattu de longue date le corps électoral gelé assistait à la séance du Sénat, avec d'autres représentants non indépendantistes. "Nous faisons un très grand nombre de rencontres, chacun, pour sensibiliser l'ensemble des parlementaires." Au-delà du corps électoral, "il faut aussi modifier […] la composition du Congrès", ajoute-t-elle. C'était dans le journal de 6h30, avec Malia Noukouan.
Gilbert Tyuienon, Union calédonienne : "Une décision unilatérale de l'État"
"Malgré toutes les affirmations des ministres successifs, qui prétendaient qu'une grande démocratie tient les délais et que les élections auront lieu en temps et en heure, on constate que ça n'est pas le cas", relève le porte-parole du gouvernement. "Ce report des élections provinciales à décembre 2024, c'est une date qui n'a pas été arrêtée, dans le cadre des discussions avec les uns et les autres. C'est une décision unilatérale de l'État, encore une fois". L'Union calédonienne annonce suspendre toute discussion avec les Loyalistes et le Rassemblement sur l'avenir institutionnel jusqu'à nouvel ordre. L'UC reproche aux deux partis non-indépendantistes "de mettre à mal la paix sociale dans le pays, en soutenant le gouvernement central pour un passage en force du projet de loi constitutionnelle, et en tentant de détricoter l'Accord de Nouméa".
Gil Brial, intergroupe des Loyalistes : "C'est positif"
"C'est positif, parce que c'est cette démarche qui permettra de dégeler le corps électoral", se réjouit le vice-président de la province Sud. "Une partie des Calédoniens voudrait que l'on change de gouvernement, et de majorité du gouvernement et du Congrès rapidement, mais si on veut pouvoir dégeler le corps électoral, il faut se permettre d'avoir cette marge pour obtenir le vote de la modification de la Constitution, et par la suite la révision des listes. Tout cela prend du temps, et ce qui nous rassure c'est que les élections auront lieu en 2024."
Philippe Dunoyer, député : "Le report est nécessaire"
"Le report est nécessaire", pour le député du groupe Renaissance. "Le Sénat l'a compris à une très large majorité. Surtout, je veux soulever le sens des responsabilités de l'ensemble des groupes et du président de la commission des lois qui ont tous, unanimement, appelé le gouvernement à rechercher une solution consentuelle, pour éviter de passer par un texte constitutionnel qui ne serait pas le fruit d'un accord".