Requins : des attaques plus fréquentes et inexpliquées

Attention aux requins, image d'illustration.

Après l'attaque mortelle de dimanche à l'îlot Maître, les scientifiques calédoniens s'interrogent. Pour l'heure, rien ne semble expliquer les circonstances du drame. Des captures de plusieurs requins auront lieu dans la semaine. Mais il faut tenter de trouver des solutions à plus long terme.

Inexplicable. Le drame de dimanche est aujourd'hui un mystère pour les spécialistes. Il semble en effet qu'aucune circonstance ne puisse expliquer l'attaque. Et c'est une énigme qui se répète depuis plusieurs années. 

Les explications de Laurence Pourtau et Philippe Kuntzmann :

©nouvellecaledonie

 

Avant, des chasseurs sous-marins

«Jusqu'à la fin du vingtième siècle, la majorité des victimes d'attaques de requin, et en particulier les victimes d'attaques de requin-tigre, étaient des chasseur sous-marins», détaille Claude Maillaud, médecin et chercheur attaché à l'université. «Ou alors des personnes qui se trouvaient dans des situations où il y avait d'autre(s) facteur(s) de stimulation alimentaire des requins. Là, vous prenez les cinq dernières attaques de requin-tigre, on a un apnéiste, trois nageurs et une plongeuse en scaphandre autonome. Aucune de ce personnes, y compris la victime de l'attaque de ce dimanche, n'avait pris de risque.» 

Interdictions de baignade

Le requin tigre est opportuniste. C'est aussi un prédateur occasionnel de l'homme. Tout comme le grand blanc et le bouledogue. Trois espèces présentes dans les eaux calédoniennes. Alors, faut-il généraliser les interdictions de baignade ? Ce sont «des réponses au coup par coup à des situations de crise», estime le spécialiste. «Je pense qu'il faudrait les avoir peut-être un peu plus faciles lorsque de gros spécimens sont signalés. Les autres dispositifs de protection font l'objet d'énormément de controverses», poursuit-il, en ajoutant : «Il paraît essentiel d'étudier les populations de requin, leurs déplacements. De savoir quelles sont les zones à risque, quels sont les horaires à risque.»

Inévitable risque requin

Les pouvoirs publics devront enfin mettre l'accent le plus vite possible sur deux séries de mesure. Un traitement très strict du système d'assainissement des eaux usées et de rejet des déchets. Surtout très rapidement renforcer la surveillance des zones de baignade et d'activités nautiques: guetteurs, drones, réseaux sociaux. Et gérer au plus juste l'inévitable risque requin.
 

Vers de nouvelles mesures?

Via les réseaux sociaux, Sonia Backès, présidente de la province Sud, a indiqué que "des opérations de prélèvement auront lieu dans les prochains jours dans les lieux dans lesquels il y a danger pour les hommes". Elle a également évoqué la possibilité de modifier le code de l'environnement, afin que certaines espèces de requins soient retirées de la liste des espèces protégées. Son objectif, souligne-t-elle, protéger l'humain. 


EPLP rappelle "l'inefficacité des abattages aléatoires"

Par ailleurs, l'association Ensemble pour la planète a tenu a rappelé mardi, dans un communiqué, que les abattages souhaités par la mairie de Nouméa et la province Sud sont une mesure "aveugle". L'association suggère de sensibiliser "sans relâche les plaisanciers à l'origine de rejets organiques" et de les sanctionner. Elle craint des pêches à l'aveugle et préconise plutôt d'identifier et d'éliminer, selon un protocole bien précis, uniquement le squale responsable d'une attaque. 

Retrouvez ici le communiqué de l'association Ensemble Pour La Planète


Rappelons que l’abattage a débuté en Calédonie en juin 2019, après deux attaques mortelles de requins à Belep et à Nouméa. Ces derniers mois, plusieurs faits ont été recensés, à Naïa, à Bourail, Nouméa et Ouvéa désormais. D’autres démarches ont été entreprises depuis : le marquage de requins en septembre et des opérations de sensibilisation des plaisanciers, notamment pour éviter le rejet de déchets organiques dans le lagon.