Sans nouvel apport financier, Caledonia pourrait fermer d'ici au mois d'avril

L'entreprise compte, en 2025, une trentaine de salariés.
Avec une subvention de la province Nord divisée par quatre en 2025, l’avenir de la chaîne paraît plus incertain que jamais. Aucun plan social n’est encore annoncé. Mais les salariés de Caledonia redoutent une fermeture imminente.

"Sonnés, découragés, abattus." L'annonce de la province Nord a encore du mal à passer auprès du personnel de Caledonia. Journalistes, techniciens, administratifs… Les trente-cinq employés ont appris la nouvelle, mercredi, lors du vote du budget en assemblée provinciale.

Face à la crise, les élus ont décidé d’amputer fortement la subvention versée à la STR (Société de télévision radio), l’entité légale de Caledonia. Le soutien de la province Nord passe ainsi de 400 millions à 100 millions de francs dans son budget 2025. Soit une baisse de 75 % de la subvention. "Le pire, ce fut de le découvrir en même temps que tout le monde", témoigne avec amertume une salariée.


"Enclencher un plan social"

Le risque d’une fermeture plane de plus en plus sur la chaîne. Les deux premiers tiers de cette subvention provinciale de 100 millions de francs ont déjà été versés. Or, la dernière tranche de 33 millions ne devrait lui permettre de repousser l’échéance que "d’un mois ou un mois et demi", calcule une autre employée.

Après, c’est l’incertitude totale, à moins d’un nouvel apport financier. Mais "on n’y croit plus beaucoup", se résignent plusieurs journalistes de la rédaction.

"On nous demande de rester confiants alors qu’on connaît tous la situation budgétaire du pays. Il faut être pragmatique et enclencher un plan social", réclame un salarié. Sans déclenchement de plan social, le personnel risquerait de partir sans indemnité, en cas de cessation de paiements de l'entreprise.

La délibération a été adoptée à l’unanimité, sans aucun débat, ni aucun mot pour le travail de Caledonia durant toutes ces années.

Une employée de Caledonia


Pas un mot de la province Nord

Déjà fragilisée financièrement depuis plusieurs mois, la chaîne avait déjà mis en œuvre plusieurs mesures pour réduire la voilure. Depuis les vacances d'été, le journal n'a plus de présentateur mais se présente sous la forme d'un "tout en images". Aujourd’hui, la décision de la province Nord rend la menace de fermeture très concrète.

"Que la province fasse des arbitrages, on le comprend tout à fait. Surtout quand la collectivité n’est plus mesure de payer le transport des scolaires. Mais ce qui nous a déçus, c’est la manière dont cela s’est fait en assemblée, confie une salariée. La délibération a été adoptée à l’unanimité, sans aucun débat, ni aucun mot pour le travail de Caledonia durant toutes ces années."


Les provinces nord et sud actionnaires à parts égales

La collectivité, présidée par Paul Néaoutyne, est pourtant le principal financeur de cette société d’économie mixte, créée fin 2013 sous le nom de NCTV, avant d’être rebaptisée Caledonia en 2017.

Les trois provinces détiennent à elles seules 82 % des parts de la chaîne. Les provinces Sud et Nord sont actionnaires à parts égales : 32,1 %.

Pourtant, la province Sud, qui siège au conseil d’administration de la STR, ne participe pas au financement de la chaîne. La collectivité a versé en revanche 56 millions de francs aux radios de Nouvelle-Calédonie en 2024 et 58,5 millions de francs en 2023.

Après les Nouvelles calédoniennes, nous serions le deuxième média d’importance à fermer en deux ans.

Une salariée de Caledonia


Une télévision de proximité

Depuis sa création il y a douze ans, Caledonia a toujours défendu une information de proximité avec les habitants. Elle craint aujourd’hui de disparaître dans une relative indifférence des politiques locaux. "Après les Nouvelles calédoniennes, nous serions le deuxième média d’importance à fermer en deux ans", alerte l’une des journalistes.

L’équipe défend "l’affection" portée par une partie de la population à la chaîne. "Nous faisons un journalisme de consensus. Nous mettons de l’océanité dans notre pratique du métier. Nous avons une place dans ce pays."