Une salle d’attente vide. Depuis dimanche, ce centre ouvert pour la journée de lutte contre le sida n’a accueilli aucun patient. Personne n’a osé venir se faire dépister. Pourtant cette année, 25 nouveaux cas ont été détectés.
"Ces chiffres nous montrent qu'il y a une augmentation du dépistage" assure Soria Anouilh, infirmière au centre des maladies infectieuses et tropicales. "Les médecins sont davantage sensibilités et ils vont plus systématiquement le proposer après avoir discuté avec le patient. Le VIH circule bien sur le territoire. Il est donc important d'aller se faire dépister une fois dans sa vie".
La maladie fait honte, mais ses symptômes ne sont pas visibles immédiatement. Alors ils sont très nombreux à ne pas vouloir imaginer la contamination, même après un comportement à risque.
"C'est forcément, moralement, quelque chose de compliqué à assumer" explique ce jeune malade, dans l'anonymat. "Il faut accepter la démarche personnelle d'avouer avoir pris un risque. D'être porteur de la maladie, ici, en Polynésie. Ici, c'est comme dans une grande ville occidentale. Beaucoup de gens se connaissent, ça fait honte et on préfère garder cela pour soi-même, dormir dessus et ne pas affronter la réalité".
630 000 personnes sont mortes de maladies liées au sida en 2023, dans le monde
La honte minimise le risque et amène au déni. "Cela va même plus loin. On ne se sent pas malade. D'où la question: pourquoi je devrais aller faire un test ?" s'interroge Soria Anouilh. "S'ajoute à cela le fait que dans les infections sexuellement transmissibles, il n'y a pas de symptôme. Il faut donc expliquer au malade que plus longtemps il reste infecté, parfois sans le savoir, plus les troubles de santé seront importants. Jusqu'à la mort".
La maladie a alors le temps de se développer et peut mener jusqu'au décès si elle n’est pas traitée à temps. De plus, elle peut se propager plus facilement d’un individu à l’autre.