Sites industriels : quels sont les risques en Nouvelle-Calédonie ? 

Après la terrible explosion qui a littéralement rasé le port de Beyrouth au Liban et fait des centaines de victimes, le point sur les mesures de précaution prises en Nouvelle-Calédonie, où les sites à risque ne manquent pas. 
 
De l’explosion de 1942 sur le port tuant 90 personnes à celle d’un four à la SLN et ses 2 morts en 1973, la Nouvelle-Calédonie n’a pas été épargnée par les catastrophes industrielles. Plus récemment en 2009 et 2014, ce sont des fuites d’acide à l’usine de Vale NC qui ont entraîné la pollution des rivières du Sud.
En 1942, 90 personnes trouvent la mort au port de Nouméa.

Du côté de Doniambo et de Ducos, les riverains se souviendront de 2016, année d’un spectaculaire feu de scories à la SLN et de l’incendie des docks de l’entreprise Serdis.
« Le risque principal, c’est l’incendie, explique le capitaine Yannick Kervoelen, de la Sécurité civile, ou en ce qui concerne Numbo, l’explosion de la cuve de gaz la plus importante de la Sogadoc, susceptible de générer des effets sur un rayon relativement conséquent impliquant le plus grand nombre de personnes. »
 

 

Envisager tous les scénarios

Autre site sensible, le dépôt pétrolier de Pacific Energy à l’entrée de Ducos. Classé à haut risque industriel il abrite, entre autres, 29 millions de litres de carburant tout cela à proximité immédiate de la SLN. Chaque opération effectuée dans l’enceinte est disséquée et devient l’objet de procédures strictes, comme l’explique Laurent Millet, responsable sécurité de la société : « Il y a plusieurs scénarios possibles sur les dépôts pétroliers. On peut avoir une fuite qui génère un incendie dans les cuvettes ou encore un phénomène électrostatique au niveau des remplissages de réservoir qui peut engendrer une explosion à l’intérieur du réservoir. Du coup, on a les équipements incendie qui sont étudiés pour pouvoir répondre à ce type d’incidents. »

 

Contrer l’erreur humaine

Les sociétés intègrent également la possibilité d’une erreur humaine. En instituant des contrôles croisés, et en cas d’incident, en mettant en place des procédures très précises. « Concernant l’incendie par exemple, nous avons mis en place une supervision, explique René Féré, directeur général de Pacific Energy, qui peut être gérée depuis un ordinateur ou depuis une tablette pour éviter que la personne ne se pose la question d’ouvrir telle vanne ou telle vanne. Elle sait qu’elle a un feu de cuvette dans la cuvette numéro 2 par exemple, elle a un scénario feu de cuvette numéro 2. »
 

1700 entreprises répertoriées ICPE

En est-il de même pour toutes les entreprises ? On compte près de 1 700 sites répertoriés ICPE, classés selon leur activité. Mais on ne dénombre que six sociétés dites à haut risque industriel. Les dépôts pétroliers, les trois usines métallurgiques, ainsi que Gazpac, fabrique de gaz industriel. 

« Le risque existe, mais il est minimisé. Il est surtout minimisé par la mise en place de procédures. Et nous nous sommes là pour veiller à ce qu'elles soient respectées. »

Gilles Provost, de la Dimenc


Ce classement implique des normes draconiennes de stockage et de sécurité ainsi que des contrôles réguliers menés par la Direction des mines et de l'Industrie (Dimenc). « Le risque existe, reconnaît Gilles Provost, de la Dimenc, mais il est minimisé. Il est surtout minimisé par la mise en place de procédures, contrôles régulièrement. Et nous nous sommes là pour veiller à ce que les éléments mis en place par les entreprises soient respectées. »
Il faut donc compter sur l’efficacité des moyens de sécurité développés par ces entreprises. Des investissements qui peuvent se compter en milliards de francs.
  
Le reportage de Bernard Lassauce, Claude Lindor et Laurent Corssi : 
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